Billy Corgan FR

Jeudi 06 Octobre 2005

Il nous aura fallu du temps avant de nous décider à le chroniquer, celui-là. A la première écoute, on le voyait bien en possible « Album du mois ». Quelques jours plus tard, on en aurait bien fait notre « Flop ». En persévérant - parce que bon, on ne traite pas Billy Corgan comme ça à la légère - on a fini par lui trouver pas mal de qualités à ce premier album solo. Rien toutefois qui lui permette d’être considéré, à long terme, comme autre chose qu’une parenthèse un peu anecdotique entre la séparation de Zwan et la reformation des Smashing Pumpkins.

En studio, Billy Corgan a choisi de s’entourer de ses vieux complices Bjorn Thorsrud, Bon Harris (un membre de Nitzer Ebb) et Alan Moulder (qui a produit le fameux Loveless de My Bloody Valentine). Il a aussi fait appel à des guest-stars de luxe. Jimmy Chamberlin, tout d’abord. Juste retour des choses pour le batteur des Smashing Pumpkins qui avait convié un peu plus tôt Corgan à chanter sur son propre album solo, sorti sous le nom de The Jimmy Chamberlin Complex. Un temps éjecté des Pumpkins à cause de sa toxicomanie destructrice, Jimmy avait réintégré le groupe pour son dernier album en date, le crépusculaire Machina/The machines of God, sorti en 2000. Resté en bons termes avec Billy après le split, il allait devenir, à sa demande, le batteur de l’éphémère Zwan. On n’est donc pas vraiment surpris de retrouver les deux hommes associés sur The future embrace, même si ce n’est que sur un seul titre. Le morceau en question s’intitule Dia et compte parmi les plus inspirés de l’album. Corgan semble y avoir retrouvé une énergie et une fougue comparables à ses meilleures années au sein du combo qui en fit une superstar. La jeune Emilie Autumn, au violon, apporte à Dia une magie et une dimension tragique qu’on aurait aimé retrouver sur davantage de chansons...

L’autre invité prestigieux de The future embrace n’est autre que Robert Smith, le leader despotique de The Cure. On sait depuis longtemps que Fat Bob, comme il est de coutume de l’appeler, répond généralement présent aux invitations d’autres artistes. C’est ainsi qu’on a pu le voir ces dernières années aux côtés de noms aussi variés que Blink-182 (voir ici), Junior Jack, Junkie XL, Tweaker (ici) et Earl Slick. Billy Corgan, à qui il a été présenté lors du cinquantième anniversaire de David Bowie, en 1997, pouvait donc s’adresser à lui en toute confiance... De là à lui proposer d’enregistrer une reprise des Bee Gees ? Le groupe disco australien n’a, à priori, pas grand-chose à voir avec l’univers des Smashing Pumpkins et de Cure. Certes, les Happy Mondays ont un jour repris Stayin’ alive, mais on pouvait mettre ça sur le compte de leur démence et de leurs abus de stupéfiants... Les choses sont différentes pour Corgan et Smith. Autant dire que le pari était osé, mais ils ont décidé de le relever. Du trio de danseurs velus en chemises à cols pelle à tarte, c’est To love somebody, un hit datant de 1967, qu’ils ont choisi de s’approprier. Et le résultat est génial ! Robert ne chante que les refrains et sa voix, très touchante, y est superposée à celle de Billy d’une manière des plus surprenantes. Sur la dernière partie du morceau, on reconnaît aussi la guitare rythmique inimitable de Smith, à la fois profonde et émouvante. Il n’en faut pas plus pour qu’on parle d’un des plus beaux morceaux de l’année. Si un jour on nous avait dit qu’on serait figés de la sorte, béats, presque K.O. debout, à l’écoute d’un titre écrit par les frères Gibb, on aurait sans doute eu beaucoup de mal à le croire...

Les autres plages de l’album n’atteignent pas cette majesté. Pourtant, Billy Corgan s’y dévoile tel qu’il est, sans fausse pudeur, aux travers de compositions souvent minimalistes et de paroles parfois très personnelles (A100, Strayz,...). Un peu à l’image de la couverture et du livret de l’album. Pour la toute première fois, il nous y dévoile ce dont il a certainement eu honte durant son enfance et son adolescence : de disgracieuses taches de vin qui ornent une partie de son corps. Il a 38 ans et il s’assume enfin complètement. Une nouvelle vie commence. Et, même si l’album dans son ensemble nous laisse un peu sur notre faim, on continuera à suivre Billy Corgan de très près.

mercredi 17 août 2005, par Jérôme Delvaux
http://www.pop-rock.be

publié par Antoine Leruste dans: Presse
Jeudi 06 Octobre 2005
Oh Billy, mais qu'est-ce que tu nous as fait là ?
Les fans des Smashing Pumpkins attendaient The Future Embrace avec impatience et aussi, il faut le dire, un brin de fébrilité. Pas très assurés que leur idole, Billy Corgan, allait être à la hauteur de leurs démesurées attentes. Et, à n'en pas douter, beaucoup vont tomber de haut et peut-être s'effondrer à l'écoute de cette oeuvre.

On était prévenu : plus de batterie, plus de basse ni de guitare criante. En lieu et place : de l'électronique et des restes de guitares fatiguées. Ajoutez à cela, bien sûr, la boîte à rythmes.
L'album s'ouvre gentiment avec "All Things Change". C'est frais, aérien, optimiste ; ça se laisse écouter, on peut presque se convaincre que c'est bon. C'est une entrée en matière qui laisse de l'espoir pour la suite de l'album. Et puis, c'est "Mina Loy (M.O.H.)". Montée en puissance. Morceau rythmé et agréable. Billy ne nous déroute pas encore trop. Il est encore temps de croire à un grand album, voire au génie ... "Can I give my old heart to you", ne cesse de demander Billy dans cette chanson, ma foi bien entraînante, et qui ne trouvera, je pense, que peu de détracteurs. On aimerait que le reste soit du même tonneau ...
Troisième titre : "The Camera Eye". Heureuse surprise. C'est un air très sympa, avec de jolies nuances. Bel air de guitare sombre et sensuel, sur lequel la voix de Billy, pleine d'entrain, fait des merveilles. Ce n'est pas le Billy auquel on est habitué, mais ça fait quand même du bien. Jusque-là, vous me direz, réussite, même si rien n'est vraiment transcendant. C'est bien sympa. On dit merci qui ? Merci Billy !
Attention : maintenant on passe à la fameuse reprise des Bee Gees, que tout le monde redoutait, craignant véritablement le pire. Eh bien, là encore, c'est une assez bonne surprise. "To Love Somebody" se laisse encore écouter avec un certain plaisir. L'intervention vocale de Robert Smith est fort discrète, dans le refrain. Ce n'est pas le morceau du siècle, mais Billy sauve encore sa peau sur ce titre ... plus pour très longtemps.
Cinquième morceau de l'album : "A100". Il fait partie de cette grappe de titres qui étaient depuis déjà quelques temps disponibles sur le Net. Pas de surprise donc. Le début est franchement bon. Alternance entre un son lourd et percutant et un relâchement mélodieux fort agréable. Au fil du morceau, on se lasse un peu, ça s'englue quelque peu. On se demande si c'est la nouveauté qui n'est pas encore bien sensible à nos oreilles, ou si c'est (peut-être tout simplement) un petit peu mauvais. On est soulagé quand "A100" se termine.
"DIA" : morceau très attendu, car Jimmy Chamberlain y est, paraît-il, présent derrière la batterie. Paraît-il ... car ce pourrait être un autre que ça ne changerait pas grand chose. Il ne sublime pas vraiment ce morceau qui ne peut manquer de décevoir (au moins un peu). C'est rythmé, enlevé, ça bouge, mais c'est plutôt plat, sans grandes nuances. Manque de créativité. On commence réellement à s'inquiéter à ce moment de l'album, même si on aime beaucoup Billy. La fin va-t-elle relever tout ça ? Nous éblouir enfin ? ...

Ce n'est pas "Now (and Then)" qui va complètement nous rassurer. Très calme, un peu planant. Dommage qu'on ne soit pas un peu plus énervé avant d'en venir déjà à une telle accalmie. On essaie de se convaincre que c'est beau - et ça l'est quand même quelque peu. Un petit crissement de guitare nous plonge (trop peu de temps) dans une ambiance qu'on aime bien, intense. En fait, il est difficile d'avoir une opinion claire sur ce morceau : on pourra dire à un moment que c'est beau, à un autre que c'est lassant, un peu répétitif, les plus mauvaises langues diront que c'est chiant.
Alors là, bouchez-vous les oreilles ! Nos derniers espoirs d'avoir peut-être affaire à un grand album tombent en lambeaux ! Le morceau s'appelle "I'm Ready". Nous, on n'est carrément pas prêts pour ça. C'est presque inaudible. Ca fait de la peine. On a envie de dire : mais pourquoi Billy ? pourquoi ? WHY ? ... Je ne sais pas si je suis trop sévère avec ce titre, mais ... vivement qu'il s'arrête.
Alors juste après, c'est "Walking Shade", que tout le monde connaît depuis longtemps. C'est le type de morceau qui plaît tout de suite, séduisant, sucré ... mais qui, sans doute, ne séduira pas éternellement, qui s'usera assez vite. C'est probablement le moment le plus punchy de l'album. C'est bon, mais on a du mal à sauter au plafond ou à s'accrocher aux rideaux. Bref, ça passe bien ; mais qu'en sera-t-il à la centième écoute - si jamais quelqu'un va un jour jusque-là ?
"Sorrows (In Blue)". On peut sans doute sauver ce morceau, encore plus court que les autres, qui crée une atmosphère bien particulière, mêlant habilement espoir et trouble, bien dark et bizarre. On reste néanmoins, c'est une habitude, sur notre faim. Avant-dernier titre : va-t-on enfin franchement vibrer ? Peine perdue ... "Pretty, Pretty STAR" : comment décrire ce machin ? L'air me fait penser spontanément au Japon ; c'est plutôt gai. J'essaie d'y discerner la beauté : parfois je me dis qu'elle est peut-être là, mais que j'ai du mal à la voir, parfois elle me paraît définitivement absente. Mon opinion n'est toujours pas vraiment faite, mais je suis franchement perplexe. Au bout de plusieurs écoutes, mon sentiment s'améliore.
L'album se conclut sur une chanson sans fioriture, "Strayz", où Billy chante très doucement, très délicatement. Il nous répète : "You know I'm true". On veut bien le croire. La chanson est belle, elle est assez convaincante et soulage après quelques titres douloureux de cet album ("I'm Ready" en tête).

L'album est fort court : autour de 45 minutes. Ceux qui n'ont pas aimé, diront que c'est bien assez, que c'est déjà bien lourd, bien difficile à ingurgiter.
Récapitulons : que dire, au final, de ce premier album solo de Billy Corgan ? Quelques bons titres : "Mina Loy (M.O.H.)", "The Camera Eye", voire "To Love Somebody" et "Walking Shade". Auxquels on ajoutera sans doute le dernier morceau, "Strayz". Des morceaux mitigés, desquels on ne sait pas bien quoi penser : "All Things Change", "A100", "Now (and Then)", plutôt bons, mais, à la longue, lassants ; "DIA", "Sorrows (In Blue)", "Pretty, Pretty STAR", plats ou intéressants, dirons-nous, selon notre humeur. Quant à "I'm Ready", c'est, jusqu'à nouvel ordre, le seul titre que je condamne absolument, auquel je ne trouve aucune circonstance atténuante.

Ca nous fait 5 titres corrects, voire bons. 6 titres dans les limbes, mêlant du bon et du moins bon, voire du carrément décevant. Enfin, 1 horreur. Faible bilan pour un artiste comme Billy Corgan. Et une impression confuse pour un fan de l'ex-leader des Pumpkins, qui n'ose pas condamner trop fermement, se disant qu'il est peut-être passé à côté de quelque chose, mais qui ne peut, sans mentir, s'enflammer devant cet album.
The Future Embrace est l'objet idéal pour tester l'amour que l'on porte à Billy Corgan. Car il faut être vraiment amoureux de lui pour crier ici encore au génie, à la réussite parfaite et exceptionnelle. Mais il faut aussi, je crois, se garder de critiques trop dures et définitives. The Future Embrace n'est pas Mellon Collie..., on l'aura compris ... Mais cela a déjà été fait il y a dix ans. Billy innove, tâtonne un peu, ça déconcerte sans doute bon nombre de fans, mais laissons tomber nos préjugés et nos attentes surannées, voulant toujours que le même revienne, et laissons ces nouvelles créations investir notre âme. Peut-être finirons-nous par aimer vraiment. D'ici peu, peut-être parlerai-je moi-même de chef-d'oeuvre ! Même si, en secret, je rêve avec vous, non pas d'un retour aux Pumpkins, mais d'un retour au génie de Billy, à ce qu'il sait faire, et sans doute mieux que tous les autres : porter le rock et la musique aux sommets de l'émotion, de la puissance et de la beauté.
Avec cet album, Billy Corgan n'a pas éteint encore tous nos espoirs ; plus que jamais, il les a ravivés, excités.

Sympa: 14/20

par GCX
http://www.xsilence.net
publié par Antoine Leruste dans: Presse
Jeudi 06 Octobre 2005
Billy Corgan joue son futur

Billy Corgan-The Future Embrace
Sortie le 21 juin 2005, sur le label Warner
cinéma/cinéaste/film/films/art/culture/société/magazine/mp3

 

On vous en parlait récemment sur Playlist, Billy Corgan, ex-superstar du rock qui dirigeait les Smashing Pumpkins, se lance en solo. L'album « The Future Embrace » (sortie le 21 juin et écoutable entièrement sur son blog myspace) marque donc son entrée dans la sphère périlleuse des artistes en roue libre qui ont rencontré le succès au sein d'un groupe. D'autant plus que, niveau triomphe, les Pumpkins ont mis la barre bien haut, quitte à devenir handicapant pour le renouveau artistique que Corgan présente dans son « premier » album.

 

Faisant suite à la parenthèse pop-peace-and-love de Zwan, Billy Corgan revient réellement seul, avec un album « new-new-wave » qui cache, sous une apparente bouillie de sons électroniques, une palette de compositions éclectiques dont quelques perles très approfondies, à prétention avant-gardiste.

Toutefois, pour bien appréhender l'album, il faut expliciter la démarche de Corgan. D'aucuns le taxeront rapidement de pompeur, l'accuseront d'avoir produit un disque d'ordures new-wave recyclées sans inspiration. C'est faux. Après avoir donné avec talent dans le rock indie, la pop psychédélique, l'intimisme sombre, et le rock conceptuel à gros riff surproduits, Billy Corgan ne s'était encore que peu rapproché de ses amours électroniques. The Future Embrace comble ce trou. Avec légèreté.

De la même façon que le Siamese Dream des Pumpkins, il y a 12 ans, paraissait de prime abord hermétique avec ses vagues de guitares entrelacées, l'album solo de Corgan est exigeant envers l'auditeur. Tel un Loveless de My Bloody Valentine, il ne s'agit pas d'un album qui s'apprivoise dès la première écoute. Contrairement à ce que les non mélomanes peuvent arguer, le grand chauve a parfaitement bien digéré ses influences new wave et ne perd pas son temps à copier ses aînés, il s'attelle plutôt à transformer leur héritage en y introduisant les rythmes et les guitares de la noisy pop, en évitant scrupuleusement de tomber dans le riff putassier, et en prenant bien soin de s'éloigner au maximum de ce qu'ont pu faire les Smashing Pumpkins. Corgan a décidé de tourner la page et prend ses fans à témoin en leur offrant l'exact opposé de ce qu'ils pouvaient aimer chez son groupe à succès. Il ne veut plus « faire du Pumpkins », il a donné tout ce qu'il pouvait dans cette voie et veut évoluer, quitte à se vautrer, au lieu de céder à la facilité de « jouer [ses] anciens titres et de vendre des tas de Cds et des putains de T-Shirts ».

Alors... fan de musique ou du passé ? Voilà la question posée par le nouveau Corgan. S'ouvrant sur une petite ballade, All things change, qui montre immédiatement la filiation Cure - New Order du disque, The Future Embrace prend une direction électro plus profonde, faite de couches de guitares nouées dans un écho oppressant, sur le second titre Mina Loy ; avant de placer l'ovni The Camera Eye, excellent morceau progressif, intelligemment écrit, qui tire directement l'album au plus haut ; puis de revenir à quelque chose de plus doux avec To Love Somebody, une reprise des Bee Gees bourrée de nappes de synthés avec le soutien (en clin d'oeil) de Robert Smith aux refrains.

Chaque titre s'amuse ainsi à briser la continuité de l'album sans anéantir sa cohérence. Proposant des chansons courtes variant adroitement et avec un talent général d'une direction à l'autre, Corgan démontre (si besoin était encore) l'éventail de composition dont il est capable dans un style auquel il s'est rarement essayé, et alors même qu'il a sciemment choisit de s'interdire des riffs de guitares puissants et accrocheurs pour l'épauler.

Le point noir pourtant, est qu'à force de sauter d'un hors d'œuvre à l'autre dans ce genre de banquet, on tombe toujours sur quelques trucs pas commodes. Et The Future Embrace a ses quelques moments d'indigestion, comme A100, titre manquant de relief et de surprise qui surnage dans la laideur de ses synthés, ou I'm ready, petit morceau pop supposé planant dont on attend un décollage qui n'arrive jamais (ou plutôt, qui décolle trop peu avant de se crasher sur la piste d'envol comme un Concorde).

Il est heureux que ces titres soient suivies de chansons plus musclées comme DIA ou Walking Shade, histoire de relancer l'intérêt d'un auditeur soudainement lésé. La fin de l'album laisse aussi perplexe, victime d'un calme trop léger pour achever proprement un enchaînement de titres complexes et habiles. Dernier titre, la berceuse Strayz a pour effet principal de nous laisser sur notre fin. Surgit alors la question fatidique : Billy Corgan aurait-il quand même manqué d'ambition ? Aurait-il dû se laisser aller à un premier album plus imposant et grandiloquent au lieu de pécher par modestie ?

Bouton « play », l'album repart. Hmm, ça passe plutôt bien. Mince ! C'est pensé pour tourner en boucle !!


 

Cédric Bégoc
http://www.fluctuat.net

publié par Antoine Leruste dans: Presse

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