Billy Corgan FR

Jeudi 06 Octobre 2005
Billy Corgan joue son futur

Billy Corgan-The Future Embrace
Sortie le 21 juin 2005, sur le label Warner
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On vous en parlait récemment sur Playlist, Billy Corgan, ex-superstar du rock qui dirigeait les Smashing Pumpkins, se lance en solo. L'album « The Future Embrace » (sortie le 21 juin et écoutable entièrement sur son blog myspace) marque donc son entrée dans la sphère périlleuse des artistes en roue libre qui ont rencontré le succès au sein d'un groupe. D'autant plus que, niveau triomphe, les Pumpkins ont mis la barre bien haut, quitte à devenir handicapant pour le renouveau artistique que Corgan présente dans son « premier » album.

 

Faisant suite à la parenthèse pop-peace-and-love de Zwan, Billy Corgan revient réellement seul, avec un album « new-new-wave » qui cache, sous une apparente bouillie de sons électroniques, une palette de compositions éclectiques dont quelques perles très approfondies, à prétention avant-gardiste.

Toutefois, pour bien appréhender l'album, il faut expliciter la démarche de Corgan. D'aucuns le taxeront rapidement de pompeur, l'accuseront d'avoir produit un disque d'ordures new-wave recyclées sans inspiration. C'est faux. Après avoir donné avec talent dans le rock indie, la pop psychédélique, l'intimisme sombre, et le rock conceptuel à gros riff surproduits, Billy Corgan ne s'était encore que peu rapproché de ses amours électroniques. The Future Embrace comble ce trou. Avec légèreté.

De la même façon que le Siamese Dream des Pumpkins, il y a 12 ans, paraissait de prime abord hermétique avec ses vagues de guitares entrelacées, l'album solo de Corgan est exigeant envers l'auditeur. Tel un Loveless de My Bloody Valentine, il ne s'agit pas d'un album qui s'apprivoise dès la première écoute. Contrairement à ce que les non mélomanes peuvent arguer, le grand chauve a parfaitement bien digéré ses influences new wave et ne perd pas son temps à copier ses aînés, il s'attelle plutôt à transformer leur héritage en y introduisant les rythmes et les guitares de la noisy pop, en évitant scrupuleusement de tomber dans le riff putassier, et en prenant bien soin de s'éloigner au maximum de ce qu'ont pu faire les Smashing Pumpkins. Corgan a décidé de tourner la page et prend ses fans à témoin en leur offrant l'exact opposé de ce qu'ils pouvaient aimer chez son groupe à succès. Il ne veut plus « faire du Pumpkins », il a donné tout ce qu'il pouvait dans cette voie et veut évoluer, quitte à se vautrer, au lieu de céder à la facilité de « jouer [ses] anciens titres et de vendre des tas de Cds et des putains de T-Shirts ».

Alors... fan de musique ou du passé ? Voilà la question posée par le nouveau Corgan. S'ouvrant sur une petite ballade, All things change, qui montre immédiatement la filiation Cure - New Order du disque, The Future Embrace prend une direction électro plus profonde, faite de couches de guitares nouées dans un écho oppressant, sur le second titre Mina Loy ; avant de placer l'ovni The Camera Eye, excellent morceau progressif, intelligemment écrit, qui tire directement l'album au plus haut ; puis de revenir à quelque chose de plus doux avec To Love Somebody, une reprise des Bee Gees bourrée de nappes de synthés avec le soutien (en clin d'oeil) de Robert Smith aux refrains.

Chaque titre s'amuse ainsi à briser la continuité de l'album sans anéantir sa cohérence. Proposant des chansons courtes variant adroitement et avec un talent général d'une direction à l'autre, Corgan démontre (si besoin était encore) l'éventail de composition dont il est capable dans un style auquel il s'est rarement essayé, et alors même qu'il a sciemment choisit de s'interdire des riffs de guitares puissants et accrocheurs pour l'épauler.

Le point noir pourtant, est qu'à force de sauter d'un hors d'œuvre à l'autre dans ce genre de banquet, on tombe toujours sur quelques trucs pas commodes. Et The Future Embrace a ses quelques moments d'indigestion, comme A100, titre manquant de relief et de surprise qui surnage dans la laideur de ses synthés, ou I'm ready, petit morceau pop supposé planant dont on attend un décollage qui n'arrive jamais (ou plutôt, qui décolle trop peu avant de se crasher sur la piste d'envol comme un Concorde).

Il est heureux que ces titres soient suivies de chansons plus musclées comme DIA ou Walking Shade, histoire de relancer l'intérêt d'un auditeur soudainement lésé. La fin de l'album laisse aussi perplexe, victime d'un calme trop léger pour achever proprement un enchaînement de titres complexes et habiles. Dernier titre, la berceuse Strayz a pour effet principal de nous laisser sur notre fin. Surgit alors la question fatidique : Billy Corgan aurait-il quand même manqué d'ambition ? Aurait-il dû se laisser aller à un premier album plus imposant et grandiloquent au lieu de pécher par modestie ?

Bouton « play », l'album repart. Hmm, ça passe plutôt bien. Mince ! C'est pensé pour tourner en boucle !!


 

Cédric Bégoc
http://www.fluctuat.net

publié par Antoine Leruste dans: Presse

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