Billy Corgan FR

Lundi 06 Juin 2005
Après le triomphe affreusement lassant qu’était la tournée Mellon Collie (jouer devant bien plus d’un million de personnes, la mort, la destruction, la controverse, les chagrins infinis, les larmes, le succès suprême, les échecs les plus bêtes), je suis complètement, littéralement éreinté…toutes les émotions que j’ai refoulé (alors que je m’étais "autorisé" à me perdre sous les feux de la gloire après un succès sans précédent) ressurgirent de façon pas si paisible que cela et exigèrent que je m’en charge TOUT DE SUITE!!!!: donc, bien évidemment, je les ai ignorées…de l’éviction de Jimmy (et la perte de mon meilleur ami et âme sœur musicale dans le groupe), à ma séparation avec ma femme, la mort prématurée de ma mère, et mon épuisement musical (écrire et enregistrer plus de 50 titres dans un laps de temps aussi court, sans parler des concerts à travers le monde), j’avais construit une autoroute par-dessus ces traumatismes et j’avais l’intention de simplement continuer à avancer (cela avait été une stratégie efficace durant les dix dernières années, alors pourquoi pas maintenant?)…j’avais cessé de voir le thérapeute avec lequel j’avais travaillé depuis 1994 (quelque part au beau milieu de la tournée), et au lieu de me confier à quelqu’un, je me suis refermé de plus en plus sur moi-même…ma "vie" est désormais une série d’"évènements" à la suite les uns des autres…les finales de basket-ball, les expositions artistiques, les vacances, les soirées, et encore les soirées, et bien sûr, les dîners entre gens "célèbres" (vous + 3 autres personnes célèbres et tous leurs amis)…je suis photographié partout où je vais, nourrissant mon auto-désillusion que si je suis quelqu’un d’important alors je dois savoir ce que je fais (une logique bien triste en effet!)…

Pour m’évader, je commence à prendre de l’ecstasy en copieuse quantité, et parce que je suis allergique à l’alcool, je prends des tas et des tas de pilules, des pilules et encore des pilules (les calmants sont comme des amphet’ chez moi, ils me calment et me réveillent)…la simple idée d’être dans le local de répétition et de jouer des riffs de rock me rend triste et me fait mal a l’estomac…autant je fais de la musique pour ce que j’ai à gérer avec moi-même, autant ce que j’ai à gérer avec moi-même me donne envie de faire de la musique mélancolique, ou alors mieux, pas de musique du tout…des vieux et chers amis m’implorent de faire une pause pendant quelque temps...mais je ne sais pas quelle décision prendre...la musique est ma façon de faire face à mes sentiments, mais faire de la musique m’oblige à faire face à des situations, des personnes, et des endroits pour lesquels je ne suis pas toujours préparé...je me terre dans ma maison Victorienne à Chicago et je me mets au travail...m’occuper me soulage l’esprit...la plupart du temps, je ne fais que m’asseoir, jouer de la guitare acoustique, regarder la télé, et écrire ce que j’appelle des "petites"chansons...des chansons simples qui n’ont pas besoin de la puissance du groupe derrière elles...j’ai une chambre libre à l’étage au fond que j’utilise pour enregistrer des démos...les chansons ont une sorte de charme tranquille, je les aime, et elles expriment en douceur ce que j’essaie de dire (c'est-à-dire essayer de trouver un peu d’espoir dans toute cette profonde souffrance)...je suis censé être heureux, je suis au sommet du monde (matériellement parlant), et cependant je me sens comme un roi déchu, comme si je n’étais plus en train de régner sur mon royaume, mais plutôt qu’il règne sur moi... je suis vraiment devenu un 'rat dans une cage'...des fans sont assis devant chez moi et m’attendent toute la journée pendant des heures...de temps en temps, des gens entrent discrètement chez moi en passant par les buissons...j’ai 3 personnes qui me harcèlent, dont un qui m’écrit des lettres racontant qu’il rêve la nuit que je le viole (nous devons appeler la police)...des gens baisent sur ma pelouse (et s’en vantent auprès d’autres fans), volent mes poubelles et en postent le contenu sur Internet, ou, ha-ha-ha, éclatent des citrouilles sur mon porche...j’ai constamment le sentiment que des gens me regardent chez moi...j’essaie d’éviter les fenêtres autant que possible, ou je descends les stores les jours de soleil...cela ressemble à un état de siège et j’essaie simplement de rester insensible autant que possible...le travail est le seul endroit ou je me sens en sécurité...

James, D’arcy, et moi allons à la Chicago Recording Company avec Matt Walker à la batterie, et après environ 3-4 jours, on enregistre rapidement quelques une de mes chansons...(la version album de "Annie-dog" est enregistrée en live durant ces sessions, tout comme le premier essai de "for Martha" sans les paroles)...James, D’arcy et Matt jouent tout les trois vraiment bien (on enregistre en prise directe) et ont l’air d’aimer et d’apprécier les nouvelles chansons...l’absence de pressions extérieures, l’atmosphère reposante, semblent convenir à l’humeur de chacun et nous sommes optimistes sur le fait que cela va être un album plus rapide et moins pénible à faire (j’estimais au départ que l’enregistrement de Adore allait durer 6 semaines entières - celui de Mellon Collie avait duré 8 mois)...enthousiasmé par le travail précèdent, je planifie de commencer l’album "pour de vrai"...je veux que tout soit enregistré en prise directe, ou alors enregistré entièrement en prise directe, que ce soit fait vraiment rapidement...je suis inspiré par l’approche des années 60 de Bob Dylan lorsque l’on entrait simplement en studio et que l’on enregistrait les chansons très rapidement (1 ou 2 prises)... je me dis que c’est ce qu’il manque au groupe, cette sensation de liberté et de spontanéité...

Ma petite amie et moi décidons de prendre des vacances aux Bahamas...alors que nous sommes assis à l’ombre sur la plage, tout ce dont je peux parler est de l’album que je veux faire, et combien je suis incertain si c’est une bonne idée ou pas...les sessions démo (même si j’en étais satisfait) suggéraient une approche plus douce, plus acoustique, qui en soi-même n’est pas si radical que cela...mon esprit, qui fait des heures supplémentaires, se demande si la nouvelle musique n’est pas assez progressive (l’une des motivations du groupe, avancer sans cesse)...ayant toujours eu un goût pour la musique électronique, je peux entendre dans ma tête un nouveau mélange de deux feeling (acoustique et électronique)...cette nouvelle direction me stimule, mais en même temps, quelque chose dans mes tripes me dit que ce n’est pas une si bonne idée...je n’arrive pas à me décider, donc je n’arrête pas de parler de ce que je devrais faire...ma petite amie se lasse de m’entendre parler de cela ad nauseam, jusqu’à ce que finalement elle éclate en hurlant que si c’est ce que je veux faire alors je dois simplement le faire ou cesser d’en parler...sans m’arrêter une seconde, je dis "d’accord, je vais le faire", et le problème est réglé dans ma tête pour de bon...dans mes pensées en bazar, je réalise que vais faire cette grande anti-déclaration contre la grande déclaration que je viens juste de faire avec le dernier album...c’est une logique complètement absurde, et sans le réaliser, je suis en train de me préparer pour un autre suicide...sauf que celui-ci sera le suicide de ma carrière...cela s’avèrera être ma façon de briser en morceaux tout ce qui m’entoure (et dans ce sens, cela s'avèrera être un succès total)...

Je reserve un voyage organisé à Istambul, Turquie...sans faire aucune recherche, j’ai décidé de venir là en suivant simplement une sensation viscérale qui me dit que c’est un endroit que je devrais visiter..je ne suis pas sûr de la raison pour laquelle je dois venir, je crois simplement que je dois le faire...ma petite amie vient avec moi, et nous nous enregistrons dans un hôtel 5 étoiles, qui, sans que je le sache avant mon arrivée, se situe sur une ancienne prison ou l’on torturait les gens (dépeint à merveille dans le film 'Midnight Express' des années 70)...mauvaise augure...la première de 47...la ville, auparavant connue sous le nom de Constantinople, était autrefois le carrefour du monde et la capitale du Saint Empire Romain...l’architecture est incroyable, et l’histoire à couper le souffle...il n’y a qu’un problème... les gens se comportent très mal vis à vis de nous (cela se passe avant le 11 septembre)...où que nous allions, nous sommes accueillis avec un sentiment raciste anti-Américain...bien sûr, certaines personnes sont chaleureuses et amicales, et nous nous lions même d’amitié avec un restaurateur qui nous fait visiter les alentours (il m’a reconnu, un pari que ma petite amie a perdue, elle avait parié que personne ne me reconnaîtrait en Turquie de tout le séjour...un pari qu’elle a perdu 4 heures après notre arrivée dans le pays)...mais de façon génerale, il régne une sensation de menace, cette sensation permanente qu'on est pas les bienvenus...on nous jette la nourriture, des hommes attrapent leur bite et font des remarques louches à ma compagne, et elle est même agressée physiquement dans la rue par quelqu’un sans aucune raison...ce sont des vacances cauchemardesques... je me retire, et je ne veux même plus quitter ma chambre d’hôtel...je n’arrive absolument pas à comprendre ce qui nous a ammené jusqu’ici...

Chaque matin à 4h45, c’est le premier appel à la prière...l’hôtel est situé juste à côté de la basilique Sainte-Sophie qui est l’une des mosquées les plus célèbres du monde...ce qui signifie que l’homme qui chante l’appel à la prière le matin serait l’un des meilleurs du pays...c’est si difficile à décrire, mais cet homme qui chante ressemble à Jimi Hendrix jouant l’hymne national...lorsqu’il démarre, 100 autres mosquées démarrent également...la ville toute entière s’illumine de son, et dans mon état à semi-eveillé, je sens cet homme qui chante (à ma droite) au travers de mon âme...il altère sa voix avec la couleur de 2000 ans...et soudain j’ai une révélation, le son que je cherchais pour l'album...l’ancien son d’amour et de vie mixé avec une distorsion sonore surchargée qui est planétaire...le son de cet homme qui chante devient mon modèle pour le son de Adore...maintenant je sais pourquoi nous sommes là...

Nous passons un séjour si détestable que nous décidons de l’écourter...notre vol est dans l’après-midi, donc nous nous levons tôt, apportons au bureau d’en face toute la vaisselle et autres babioles que nous avons achetées au marché ancien (pour qu’elles soient envoyées à la maison), et sortons en ville une dernière fois... nous avons choisi de visiter la basilique Sainte-Sophie à la fin, parce que c’est la destination la plus célèbre, pensant que ce sera aussi la plus fréquentée...alors que nous marchons dans le complexe de la mosquée, je suis agressé verbalement par un vendeur de rue parce que je refuse de répondre à son baratin de vendeur (dans des langues variées, pas moins)... "yankee go home, fuck you, fuck America... American piece-a-shit "...après dix jours d’absurdités, j’éclate et je suis prêt à casser la figure de ce type...tout à coup, je me retrouve contre 4 de ses amis...les choses deviennent vraiment hors de contrôle, et alors que nous entrons dans la basilique je ne peux même pas apprécier l’immense beauté de l’endroit...je me tiens au carrefour de l’histoire et la seule chose à laquelle je pense est que je vais me faire botter le cul dès que je mettrai un pied dehors... tant de beauté, et tant de laideur...tous les signaux d’alarmes de ce qui va arriver sont à portée de vue...mon futur, mon passé, notre futur, notre passé, tout cela se mélange avec ma déconnection de "rockstar" de la réalité...tristement, j’ignore, ou ne vois pas tous ces signaux...(lorsque nous sommes de retour à Chicago, toute la vaisselle arrive brisée en mille morceaux)

Soi-disant reposé à présent, je décide égoïstement que nous allons déménager dans un nouveau studio chaque semaine (6 semaines, 6 studios) pour garder les choses fraîches...cela veut dire emballer tout et déménager les guitares, les câbles, les amplis, et tout le bordel à chaque fois...en théorie cela semble bien pour la créativité (la théorie d’être toujours en mouvement), mais cela nous améne aussi à endurer toute sorte de problèmes techniques (ce qui s’avère vraiment gêner les sessions)... j’engage Brad Wood en tant que co-producteur pour son merveilleux travail avec Liz Phair et Red Red Meat, parce que je pense qu’il m’aidera à obtenir le son que je recherche...tout est prêt, nous ne répétons même pas, nous allons juste apprendre les chansons à la volée.

Le premier jour en studio, je rencontre le nouveau type qui s’occupe des du matos de pro, Bjorn (je ne sais pas encore que nous allons non seulement travailler ensemble sur mes 4 prochains albums, mais aussi qu’il deviendra un ami proche)...la première chanson que nous allons enregistrer est une belle chanson acoustique que j'envisage comme ouverture de l'album...James et D’arcy ne sont même pas dans le studio lorsque je commence à travailler (c’est relativement habituel)...j’ai acheté une vieille guitare Martin aux cordes en nylon juste pour enregistrer cette chanson...cependant, la guitare ne s’accorde pas bien, et à chaque fois que je joue la corde de ré, cette foutue guitare est désaccordée...trop tard !! Il est temps d’enregistrer...je décide que je vais enregistrer la guitare et le chant en prise directe, sans click track…lorsque que je commence cette première prise, mon corps tout entier tremble...je ne me suis jamais mis dans une situation aussi difficile...je me sens terrifié, comme si j'allais sauter d'une falaise, et qu’il n’y avait personne pour m’arrêter (ou m’attraper !)...Bjorn me dit plus tard que lorsque j’étais en train de jouer, Brad Wood se vantait auprès de lui et des autres ingénieurs dans la salle de contrôle à propos du matériel qu'il avait reçu gratuitement en prononçant le nom des Pumpkins (au lieu d’écouter la prise)... lorsque j’eus fini, je demandai a Brad comment c’était, il remua rapidement, appuya sur le bouton talkback et dit "c’était super !" (et dans cette toute première heure, nous enregistrions "To Sheila")

l’idée générale était bonne, enregistrer une chanson par jour, et au début des sessions, cela s’est avéré excitant et stimulant...je travaillais seul la plupart du temps, parce que c’était plus facile et plus rapide et moins stressant...après tant années d’une relation passive-agressive de qui joue quoi, et quand (et comment), James et D’arcy savaient maintenant qu'ils devaient me laisser faire...Matt était mon nouveau partenaire, et se tenait souvent à mes côtés alors que j’expérimentais toutes ces nouvelles idées...il était réellement merveilleux, et d’un grand soutien, et m’encourageait à prendre des risques…Le début de ces sessions était comme magique, comme si un tout nouveau monde de possibilités venaient de s’ouvrir...bien avant même d’avoir commencé l’album, une chanson électronique que j’avait écrite pour le film "Lost Highway"avait été un hit (la chanson ‘eye’)... ceci s’ajoutait au sentiment que j’avais que je ne pouvais pas me tromper...tout ce que je touchais (depuis environ 5 ans) semblait littéralement se changer en or...cela donnait l’impression que je pouvais faire tout ce que je voulais, et aller où je le souhaitais, et maintenant j’allais m’attaquer à une sorte de folk-rock électronique futuriste (et ça allait aussi se vendre !)...mais comme cela arrive souvent à une nouvelle idée qui n’est pas basée sur une intention pure, je suis tombé en panne sèche assez rapidement...j’ai lentement découvert que Brad, mon soi-disant co-producteur, ne contribuait pas beaucoup à mes chansons...j’avais l’habitude de types comme Flood et Butch qui pensaient que la chanson qu’on était en train de chanter était tout...Brad était plus un gars du genre "mec intéressant niveau son"…et comme c’est souvent le cas dans le monde indé, il avait l’habitude d’utiliser une production ingénieuse pour masquer une écriture faible...mais cela le rendait incapable de savoir comment laisser le champ libre quand une chanson était merveilleuse (comme peu de ces chansons)...plus les jours avançaient, plus je me sentais isolé...je n’avais plus Jimmy pour me garder de bonne humeur (et aussi amener la musique à un niveau plus haut)...c’était désormais James et D’arcy contre moi dans le département du pouvoir, et leurs avis étaient plus centrés sur un esprit "on est fatigué, faisons un break" plutôt que sur ce qui serait le mieux pour l’album...au lieu de faire le point sur mes doutes ou mon manque d’assurance, je me suis mis à chercher quelqu’un ou quelque chose à qui je pouvais reprocher mon manque de résolution...la longue et lente vrille commença environ 2 ou 3 semaines après que nous fûmes en studio...au lieu de faire marche arrière et de regarder en face la catastrophe imminente, je suis devenu encore plus déterminé et têtu, et je me suis simplement mis davantage la pression...et malheureusement, j’ai cessé d’écouter qui que ce soit...

Cependant, il y a eu des moments durant ces 6 premières semaines les emmerdements ont valu le coup...le moment le plus magique de ces premières sessions arriva lorsque nous allions enregistrer un long morceau instrumental, intitulé à l’époque "48 chords" (remarquable du fait que chaque séquence d’accord ne se répétait pas une seule fois avant que les 48 accords successifs ne soient joués)...jusqu’à ce moment-là, je n’avais rien écrit au sujet de mon divorce dans aucune des nouvelles chansons, ce que je trouvais bizarre étant donné les retombées amères, mais peut être que je ne voulais pas en parler car j’étais dans une relation relativement nouvelle (ma petite amie de l’époque m’interdisait de parler de mon mariage)...je me réveillai rapidement tôt un matin ensoleillé et débitai un flot de poème sur le théme de la conscience qui semblait vraiment parler de ma colère envers mon ex-femme...cela m’a surpris, mais j’y pensai un peu plus une fois sous la douche...je le tapai, et mis la feuille dans ma poche pensant que j’en extrairais quelques unes des meilleurs lignes pour une chanson encore non écrite...j’allai au studio, on installa les micros sur le piano, et nous enregistrions assez rapidement la longue séquence d’accords (je gardais le rythme en jouant une série entière de delays)...le concept de base est que j’allais mettre de la guitare et des cordes par-dessus, créant un morceau comme quelque chose pour un film (l’une des idées premières pour Adore était qu’il sonnerait et paraîtrait plus comme une bande son pour un film, avec des instrumentales entremêlées parmi les chansons "chantées"...) lorsque je rentrai dans la salle de contrôles, pour une raison ou une autre je sortis le poème de ma poche pendant que les gars étaient occupés à régler un problème technique...je commençai à chanter les lignes du poème sans vraiment réfléchir, c’était comme quelque chose venant d’un rêve...soudain, la chanson se jeta sur moi, arrivant plus rapidement que je ne pouvais l’imaginer...je devins vraiment excité, et sortis en courant vers un micro..."vite, vite, j’ai imploré", craignant que les sensations et les pensées que j’avais en moi ne quittent mon corps pour ne jamais y revenir...pendant les 20 minutes qui suivirent, travaillant ligne par ligne, j’ai "étalé" la chanson entière...malheureusement, à chaque fois que je posais une question à Brad, il n’avait pas l’air d’avoir une réponse solide, ou ne se sentait pas aussi excité que moi au sujet du morceau...c’était comme si j’étais en train d’essayer de convaincre quelqu’un que son repas avait meilleur goût qu’en réalité...il était tout simplement pas "avec" moi, dans le truc...me voilà ressentant l’un des moments les plus excitants de ma vie en studio, et j’ai l’impression d’être tout seul dans un bateau au milieu de l’océan...il n’y avait personne vers qui me tourner à ce moment-là (une fois encore, pas de groupe dans le studio)...au moment où j’avais fini de chanter toutes les lignes, j’avais pris ma décision... Brad devait partir...

Me sentant agité et incertain, je commence à reprocher à Chicago les nuages gris au-dessus des sessions...c’est peut-être mon passé ici, beaucoup trop d’ombres et de personnes enracinées contre moi...où que j’aille en voiture dans Chicago je me rappelle mes nombreux échecs...j’étais déjà paranoïaque (après des années de dénégation de moi-même), et je ne pouvais pas accepter que j’étais complètement à coté de la plaque...de plus, ma petite amie détestait vraiment Chicago et ne voulait plus y rester une seule seconde de plus...je pensais que si nous déménagions tous, elle serait plus heureuse (et resterait avec moi jusqu’à la fin de l’enregistrement)...je pourrais recevoir du soutien, le groupe pourrait avoir un peu de soleil, tout s’améliorerait "instantanément" !...donc de tout les endroits où se retirer, et trouver le coeur de cet album, je choisis la ville fondée sur l’amour et la spiritualité, Los Angeles, Californie... (Méfie-toi Hollywood, me voilà)


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Traduction par Benjamin Pruvost et Antoine Leruste. Copyright 2005. Tous droits réservés. Toute reproduction est interdite sans autorisation écrite.

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