Après avoir atteint un point de saturation niveau nouvelles idées, notre attention se porte maintenant principalement sur le fait d’essayer de finir les chansons que nous avons dans les mains…une fois que nous allons dans cet état de finalisation, il y a une sorte d’interdiction de moratoire placée sur l’apport de nouvelles idées, l’idée générale étant de tirer le meilleur du meilleur dans ce que nous avons et poursuivre avec le business des arrangements finaux, paroles, et ajuster les parties de chacun…tristement, j’évite le problème de la finalisation des paroles pendant un moment, choisissant à la place de me cacher derrière le travail des arrangements et réarrangements qui étaient déjà des configurations de nombres, changements de clé, breaks, et des nuances émotionnelles implicites…écrire la musique est facile pour moi, mais c’est une nouvelle forme de vérité que je souhaite trouver dans ces paroles avec lesquelles j’ai la plus grande difficultée…je ne veux pas assombrir ce que je ressens réellement dans mon coeur (comme sur notre premier album), en dissimulant la plus part de mes réelles émotions avec des bredouillements psychédéliques vagues…remettre à plus tard les paroles a également un impact sur l’écriture au jour le jour, car nos arrangements sont basés essentiellement sur des émotions implicites qui ne sont en réalité pas soutenues pas des paroles finalisées (quand nous arrivons à Atlanta, j’ai seulement à peu prés 25% des paroles écrites)…alors que nous savons que nous allons continuer à couper les arrangements jusqu’à la dernière heure de l’enregistrement, ce n’est pas un grand sujet d’inquiétude…et la plus part des parties individuelles sont assez proches pour être développées davantage en studio…mais le manque de concentration sur les paroles plane au dessus de l’album comme un nuage sombre…
Chaque chanson restante est abordée moment par moment avec une liste exhaustive de problèmes, et nous commençons à traiter chacune des chansons selon la satisfaction de tout le monde…une liste exhaustive sur une idée particulière pourrait ressembler à ce qui suit : "l’intro est merdique, le second couplet est trop long, le lift dans le solo est faible, la dernière partie dure un peu trop longtemps, et pensez vous que nous devrions changé de clé juste avant la fin ? "…nous ne votons pas en tant que tel, mais nous parlons plutôt des suggestions que nous lançons en l’air ou nous les jouons, et le langage corporel de chacun met en général en évidence si le concept fonctionne ou non…les discussions sont toujours ouvertes à toutes les possibilités, et nous nous plongeons dans chaque problème avec la compréhension que tout les détails sont importants pour la force générale de l’album…je choisis de ne pas traîner ou de coincer trop longtemps sur l’idée de quelqu’un, car il y a tellement de chansons, et donc, logiquement, trop de problèmes…le pensée de base est 'ce qu’on n’éclairci pas aujourd’hui, on y trouvera probablement une solution demain'…le seul inconvénient visible à cette façon de travailler et que chacun doit se souvenir chaque jour des changements au moment où ils arrivent, et aussi garder en tête les possibilités des jours précédents, par exemple, si la prochaine fois nous jouons une nouvelle partie et nous disons "oh la la !, ça marche pas", on doit être capable de se souvenir de l’ancien changement à sa guise… Une dernière idée, presque finalisée qui n’a pas été touchée pendant un long moment est une chansons appelée simplement "today"…on donne ce nom à cette chanson non pas pour des raisons existentielles, mais plutôt à cause de ma paresse, car le premier mot de la chanson est "today", et l’appeler ainsi la rend facilement reconnaissable pour tout le monde (la paresse impose également que le titre ne soit jamais changé)…je suggère d’essayer d’inventer une intro intéressante, et tout le monde est d’accord sur le fait que le début franc (avec le groupe explosant) est ennuyeux et évident…comme c’est souvent le cas d’un bon concept intellectuel, un silence musical s’ensuit, on se regarde les chaussures, et tout ce qu’ai en réponse à ma suggestion est le bourdonnement des amplis…frustré, je regarde ma guitare, et sans hésitation, je place ma main sur la 11éme touchette, sur les deux cordes du haut…la première chose que je sens fait immédiatement tilt, une stupide interprétation d’école "la-dee-dah, la-dee-dah"...je lève les yeux, et personne ne dit rien, mais après tout, personne ne dit non…sans commentaire, je le rejoue, et au moment désigné, le groupe démarre à fond…problème résolu en 60 secondes…"suivant !"...
L’ordre hiérarchique de l’influence des chansons tombe habituellement dans cet ordre: Billy, Jimmy, James, D’arcy…bien que D’arcy contribue très peu dans le domaine des arrangements, elle est la personne que je regarde le plus quand nous travaillons, car comme un enfant, elle est incapable de cacher ou masquer le moindre mécontentement, et cela se lit directement sur son visage…l’intérêt général de James est directement proportionnel au fait qu’une chanson est la "sienne", et ensuite, si il aime personnellement une chanson particulière ou non…il est complètement capable d’offrir une suggestion brillante à n’importe quel moment donné, et ensuite se retourner avec un air complètement ennuyé comme si il y avait un million d’endroits où il préférerait être au lieu d’être ici…Jimmy remplit la fonction d’auteur de notre puissance, sa compréhension inconsciente de la façon d’élever les chansons aux plus hauts sommets…ses suggestions ont tendance à être plutôt émotionnelles que musicales…il lit facilement dans mes pensées, et je lis les siennes, et la plus part de notre travail se fait face à face, esprit à esprit, et la plus part du temps de façon invisible pour les deux autres…mon rôle est celui du meneur de file et du meneur, car la plus part des chansons sont les miennes…nous avons une règle générale qui est : 'ta chanson, ton choix'…cela veut dire que quiconque est le compositeur d’une chanson particulière a le dernier mot sur une décision quelconque, incluant un veto sur ce que les autre membres pourraient jouer partiellement sage…si une chanson est co-écrite, alors les deux personne partagent le vote/veto…des chansons comme "soma" et "mayonnaise" sont de véritables collaborations musicales, où je trie les problèmes, m’assurant que l’autre compositeur (ici James) est en accord total sur tout les aspects de la chanson et son exécution…
Durant la tournée pour 'Gish' en 1991, nous avions joué un endroit à Houston appelé Emo’s…car c’était le Texas, et qu’il y fait habituellement chaud la nuit, ils avaient une sorte de terrasse pour boire…après notre concert, j’ai espionné cette fille incroyablement belle qui avait des long cheveux teints en rouge et un visage exquis ressemblant à celui d’une biche…elle était avec un mec, qui selon ce qu’elle m’a dit à l’époque, était juste son 'ami' (j’ai découvert plus tard que c’était son petit copain)…j’ai essayé de m’arranger pour qu’elle soit en ma compagnie ce soir là, mais elle refusa, et c’était tout, et on s’est dit au revoir…quelques mois plus tard, elle m’a écrit une lettre par l’intermédiaire de notre fan club, et nous avons alors commencé à discuter au téléphone par ci par là…alors que je flottais dans l’espace émotionnellement, et précisément sous le coup d’une déception sentimentale après le chagrin d’amour de perdre ma petite amie de toujours, l’idée m’est venue que peut être je pourrais aller lui rendre visite un de ces jours…elle voulait savoir quand je pourrais prendre l’avion vers le sud et aller la voir…je lui ai dit que c’était difficile, car nous étions encore en répétitions, et dès que nous aurions finit, nous étions prêt à prendre l’avion pour Atlanta et commencer l’enregistrement…cependant, la date de départ était fixée à quelques semaines plus tard, et comme le groupe était assez fatigué, j’ai rationalisé qu’un petit voyage me ferait beaucoup de bien…j’ai demandé au groupe si nous pouvions travailler juste une semaine de plus (au lieu de deux), et alors tout le monde prendrait une semaine de congés…cela fut accueilli avec beaucoup d’enthousiasme, car tout le monde était épuisé par l’intensité des sessions (sans parler du stress des problèmes de drogue et disparitions de Jimmy)…cela semblait également une bonne idée de ne pas se voir pendant un moment, ne serait-ce qu’un bref moment…
Elle vient me chercher à l’aéroport après un vol de nuit, et elle est aussi superbe que dans mes souvenirs…nous blaguons en allant à un petit restaurant Mexicain, ou nous commençons à nous goinfrer et à nous soûler avec des margaritas…elle m’emmène chez elle et direct dans son lit, et cela semble tellement chaud, simple et amusant…le lendemain matin, je remarque qu’elle prend des pilules…je lui demande ce que c’est, et elle me dit que c’est une de ces nouvelles pilules sur le marché, "Prozac"...j’avais entendu du Prozac, mais uniquement dans le contexte du fait qu’il faut éviter d’en prendre pour planer…c’était une sorte d’anti-dépresseur, et il faut en prendre pendant deux semaines entières avant de sentir quoi que ce soit (ce qui ne coïncidait pas avec notre philosophie de buzz immédiat)…alors que nous parlons, je remarque qu’elle semble un peu différente, mais j’ai considéré qu’elle avait probablement la tête de bois, car nous avions bu beaucoup la veille et nous sommes restés debout assez tard…nous décidons de sortir pour aller chercher de la nourriture, et la première chose qu’elle fait est de mettre de la musique métal de merde vraiment fort dans sa voiture, ce qui m’agace car il est à peu près 9 heures, et je veux juste lui parler…quand j’engage la conversation, son hostilité me frappe, une personne complètement différente que celle avec qui j’ai passé du temps seulement quelques heures auparavant, ou d’ailleurs, avec qui j’ai fait connaissance au téléphone alors que je l’appelais encore de Chicago…elle tente de provoquer une bagarre, alors je me dis "peut importe" et je ne dis rien…au fil des jours, elle s’éloigne de plus en plus de moi quand nous allons nous coucher, et elle me parle de moins en moins pendant la journée, alors au 4éme jour je me sens assez étranger…ce qui rend cela difficile est le fait que je n’ai nul part où aller, car le groupe ne doit pas arriver à Atlanta avant 3-4 jours…je décide que la meilleur solution est d’essayer de tenir le coup jusqu’au bout, et je me dis que peut être je peux lui parler et adoucir ce qui l’embête…j’y mets tout mon cœur, lui expliquant que j’aime bien, je ne comprends pas ce qui ne va pas, et si elle veut que je parte, qu’elle me le dise simplement et je partirai…elle devient très douce, et s’excuse, me disant qu’elle était stressée, ce n’est pas ma faute, et elle va se rattraper le soir même en m’emmenant dîner…tout cela m’apaise et je me dis que tout va bien…nous sortons plus tard et nous passons un bon moment sans incidents, et tout semble bien…rien de physique ne s’est passé entre nous, mais tout va bien car je suis plus intéressé par de la paix que d’avoir un morceau d’elle à ce stade…le jour suivant arrive, et quelqu’un à remis en marche le Sybil, car le monstre est de retour…je ne peux pas croire que cela arrive, et quand elle part ce jour pour aller travailler, je cherche sa colocataire, qui est une personne agréable…je lui explique ce qu’il se passe, et je lui demande ce qu’elle pense que je dois faire…elle s’excuse pour son amie, mais il me semble évident qu’elle pense qu’elle est une psychopathe…imaginant ce qu’il pourrait encore se passer, je lui donne 20$ pour qu’elle me conduise à l’aéroport, et je prends le vol suivant pour Atlanta…j’aurai des nouvelles de cette fille plus tard, me demandant de l’appeler… à ma tristesse, je refuse, ne comprenant jamais complètement ce qu’il se passait là bas au Texas…quand j’arrive à Atlanta, sous le choc, seul, et stressé, je réalise que le confort de mon groupe me manque vraiment…
Traduction par Antoine Leruste. Copyright 2005. Tous droits réservés. Toute reproduction est interdite sans autorisation écrite.