Le marathon des Smashing Pumpkins
BROQUET,JULIEN

dimanche 27 mai 2007, 16:41
Pour le grand retour de ses Citrouilles, Billy Corgan a chanté pendant trois heures samedi à l'AB.

Il y a six ans et demi, le 2 décembre 2000 pour être précis, les Smashing Pumpkins donnaient au Metro de Chicago ce qui devait rester leur dernier concert. Lorsque Billy Corgan faisait une halte au Vooruit de Gand, en 2005, pour défendre son laborieux projet électro-solo, il se fendait même d'un laïus d'une demi-heure. Trip artiste assumé. « Il faut savoir tirer un trait sur le passé. Toutes les choses ont une fin... » Et Blablabla. Et blablabla. On y a cru. Jusqu'à ce que, quelques semaines plus tard, le Kojak du rock américain annonce la prochaine reformation des Citrouilles. Sans doute désireux de se retrouver un carrosse.

L'heure, c'est l'heure. Pour les contes de fées comme pour les concerts des Smashing. A 20 heures pétantes, samedi, la machine se met en branle. Tous les tickets de l'Ancienne Belgique avaient trouvé acquéreur en 27 minutes. La trentaine de billets remis en vente s'est arrachée comme des petits pains. L'AB est pourtant loin d'être pleine quand le phénix monte sur scène pour renaître de ses cendres. Surpris par l'allumage précoce, beaucoup boivent un verre dans les cafés du quartier.

Qu'importe. Comme les fans de jazz, les aficionados des Smashing avaient droit ce week-end à leur marathon. A trois heures, sans temps mort, de prestation. Fait bien rarissime de nos jours dans l'industrie. Pas question, cette fois, de faire la causette. Pas question, cette fois, de faire sa Cosette. Tout au plus Corgan s'osera-t-il à un petit « Thank you » une bonne demi-heure après le début des hostilités.

Ses chansons parlent pour lui. « Est-ce que tout le monde a peur ? Est-ce que tout le monde a changé ?, » interroge « Doomsday Clock ». Ecrivons que les Pumpkins sont comme avant. Ni meilleurs ni moins bons. Mais que leur public a pris dix ans et qu'il n'est plus du genre à pogoter violemment tout un concert durant. Ce qui ne l'empêche pas d'hurler sa joie.

Question line-up, Jeff Schroeder a remplacé James Iha à la guitare. « Je n'ai plus parlé à Billy depuis des années, déclarait ce dernier il y a quelques semaines. J'élabore en ce moment un album solo et je lance un label indépendant. » Ginger Reyes, elle, succède à D'arcy et Melissa Auf der Maur dans le rôle de la bassiste sexy. Tous deux assurent l'essentiel. Sobrement. Sagement. Mais fringués n'importe comment. Engoncés, à l'image de ce cher Corgan, dans des combinaisons blanches vaguement futuriste dignes d'un mauvais film de science-fiction.

Mais la voix de Billy n'a pas bougé. Pas plus que les coups de matraque qu'assène Jimmy Chamberlin à sa batterie. Une trentaine de morceaux figurant au programme, les Smashing new look présentent une bonne partie de « Zeitgeist ». Produit en collaboration avec Roy Thomas Baker (Queen, The Darkness) et Terry Date (Soundgarden, Deftones, Pantera), leur sixième disque officiel sortira le 6 juillet et reçoit sur scène un accueil encourageant.

Si le groupe phare des années 90 en a bouleversé l'ordre, il propose les mêmes chansons qu'à Paris et qu'au Luxembourg. Un véritable best-of comprenant « 1979 », « Disarm », « Stand inside your love », « Tonight, tonight »...

Les meilleurs morceaux sont pour la plupart extraits du double album « Mellon Collie and the infinite sadness ». « Bullet with butterfly wings » et « Zero » parviennent à secouer la salle. « Muzzle » habitera le rappel comme un « Silverfuck » d'au moins douze minutes aussi assommant qu'un round avec Mike Tyson.

Très tôt dans la soirée, comme pour rappeler qu'il était le chef (pour ne pas écrire le seul maître à bord), Corgan nous avait gratifiés d'une petite et magnifique demi-heure acoustique. Juste épaulé sur l'un ou l'autre titre par Lisa Harriton, chanteuse de studio depuis l'âge de 8 ans (notamment pour Disney) et aujourd'hui claviériste. « Thirty-three », « Rocket », « Winterlong » et « To Sheila » ont eu droit à ces versions dépouillées. Avis au distrait, les Smashing seront à Hasselt le 17 août lors du prochain Pukkelpop.