<![CDATA[Billy Corgan FR]]> http://billycorgan.over-blog.com fr Over Blog admin@over-blog.com 2007-10-09 <![CDATA[Fin des Confessions]]> http://billycorgan.over-blog.com/article-2391065.html Bonjour à tous,

Je viens de publier la traduction du dernier chapitre de l'autobiographie de Billy. Cela fait presque un an que je prends plaisir à traduire la jeunesse difficile de Billy, sa vie amoureuse et familiale, et les coulisses des Pumpkins avec les galères et les doutes du début. Vu les visites régulières sur le site (80 visites / jour en moyenne) et les commentaires, ce travail est lu et apprécié et j'en suis très content!

Je n'étais pas seul sur ce projet, je tiens à remercier les personnes suivantes pour leur collaboration :

- Benjamin Pruvost : chapitres 3,6,11,13,16,17,19,24,31,32,33,34
- Mathias (Matcada) : chapitres 4,8
- Riri : chapitres 5,7

Le site ne sera plus mis à jour...Avec le retour prochainement des Smashing Pumpkins, la suite se passe sur smashingpumpkins2007.

@ bientôt!

Antoine

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fr 2006-04-09T17:23:25+02:00
<![CDATA[En Suivant la Lune [1974]]]> http://billycorgan.over-blog.com/article-2390972.html Lors d’une certaine nuit fraîche, je fais mon voyage habituel au magasin de spiritueux pour acheter les cigarettes de ma belle-mère...elle m'a donné un billet de 20 dollars, ce qui représente une quantité fantastique d'argent pour un garçon de 7 ans tel que moi...c’est la pleine lune, et comme toujours à ce moment-là, je sens en moi l'appel du sauvage...l'air pur inonde ma tête, et pour la première fois de ma vie j’envisage l’éventualité de m’enfuir...bien sûr, je n’ai nulle part où aller, et personne à voir..je suppose que je peux vivre un certain temps avec les 20 dollars, mais bien sûr je n'aurai aucun moyen d’obtenir plus d’argent une fois que je les aurai dépensé...je me dis que le meilleur endroit où habiter serait sous un pont, mais j’aurai à chercher un moyen d’obtenir des draps...je marche particulièrement lentement, pesant chaque aspect de ma décision à chaque pas...la situation chez moi est tellement toxique pour mes nerfs que je ne peux probablement pas tenir une nuit de plus...c’est un des rares moments où je ne pense qu’à moi, laissant mon petit frère et les autres personnes que j'aime complètement en dehors de la question...l’allée derrière les magasins est complètement déserte, il n’y a que moi et l’éventualité de partir pour de bon...il me vient à l’idée que je serai probablement attrapé, et je n’en serai que battu davantage...je me suis habitué à me faire battre, c’est assez régulier désormais, c'est juste l'attente des coups qui me rend fou...la pause significative entre la libération de l’énergie comprimée en passant par la violence et le long balaiement de la descente, jusqu’à ce que tout soit calme…ensuite, c’est un léger grondement alors que la bête vient dans ma direction, et le rugissement engourdi qui monte au travers du sol, jusqu’à ce que les poings rencontrent les tempes, et la boucle est bouclée…

J’ai désormais appris l’art de juger ce que l’on attend de moi quand on me bat...il faut une oreille fine pour détecter si le résultat désiré est l’un des suivants: la soumission, la capitulation, l'aveu, ou la négation...certaines fois quand je suis battu, le résultat désiré s’avère être des larmes, un suppliant “arrête, arrête”, jusqu'à ce que le monstre soit satisfait...en complète opposition, le résultat désiré s’avère parfois être de me faire cesser de pleurer, jusqu'à ce qu'un voile engourdi tombe sur la scène...lorsqu’elle me bat, elle ne cesse de répéter “arrête de pleurer, arrête de pleurer sale petit morveux”, et selon cette formule les pleurs s’arrêtent une fois qu’on commence à frapper...j’apprend l’art de lui donner ce qu'elle désire, ne serait-ce que pour sentir que c’est finalement moi qui a le contrôle...

Lors d’une visite à mes grand-mères maternelles, je suis en haut dans l’appartement de ma tante, assis sur mes hanches dans le coin, fixant une curieuse boîte remplie de figures en porcelaine...je songe calmement aux choses qui me tourmentent, qui à cet âge sont que je déteste la fumée de cigarette, et que je n’aime pas que quelqu’un me voit en train de pleurer...je prends à ce moment-là deux décisions auxquelles je vais rester fidèle jusqu’au jour d’aujourd’hui…la première, ne jamais fumer de cigarette, tellement j’en hais l’odeur (je n’ai toujours jamais fumé de cigarette dans ma vie)...la deuxième, que je ne pleurerai jamais qu’importe la raison (j’estimerais que je n’ai pleuré que 6 ou 7 fois dans ma vie entière depuis ce moment-là, les circonstances étant d’habitude si écrasantes que je ne peux pas surmonter l’émotion---les funérailles de ma mère, la trahison absolue, le dernier concert des Pumpkins)…

Donc désormais quand je suis battu, si le désir semble être de me faire pleurer, j’apprends une sorte de faux sanglot, dramatisé pour augmenter l’effet nécessaire...elle ne semble pas remarquer la différence entre la fausse version et le vrai truc, donc ceci fait l’affaire et je n’ai donc jamais besoin de pleurer du tout...

Mon père passe la plupart des soirées à se défoncer et à regarder la télé...cela devient notre moment ensemble, la façon la plus efficace pour être en sa présence est d’apprendre à apprécier ce qu'il apprécie...parce que mon père n’a que peu d’intérêt dans ce qui m’intéresse...chaque tentative pour le faire regarder un match de baseball peut se solder par un ondulement de la main et une dévalorisation du sport en le qualifiant d’ "ennuyeux"...heureusement pour moi, mon père aime regarder des choses comme "Monty Python's Flying Circus" et "The Midnight Special", qui était une émission passant des live de nouveaux groupes...cela a été en de nombreuses façons ma première exposition au rock international qui n’était pas couvert par notre radio locale...

Puisque nous habitons si proche d’un bowling de niveau international, mon frère et moi allons souvent y traîner et regarder les gens qui jouent...la piste de bowling est toujours bien climatisée en été, et d’une douce chaleur en hiver (notre maison n’est généralement pas chauffée en hiver pour faire des économies)...après un certain temps, notre curiosité triomphe de nous, et nous décidons d’essayer le bowling par nous-mêmes...j’ai à peu près 3 dollars d’économie, et puisque le panneau d’affichage indique qu’une partie coûte 1 dollar, je me dis que c’est suffisant pour tous les deux et qu’il nous restera un peu pour acheter du soda...nous louons nos chaussures, et nous nous éclatons, jouant pendant environ 4 heures...lorsque nous montons payer, l'homme derrière le comptoir nous informe que nous avons joué 16 parties, et avec les chaussures, etc, nous lui devons environ 18 dollars...je ne m’étais malheureusement pas rendu compte que c’était 1 dollar PAR PARTIE....par chance, mon frère avait récemment trouvé un billet de 20 dollars par terre, mais il est pour l’instant caché sous le canapé...je convaincs l'homme de me permettre de laisser mon frère en tant que garantie, promettant de revenir avec l'argent...je cours rapidement à la maison, vole 20 dollars à mon frère, et reviens payer l’addition, en omettant exprès de dire à mon frère où j'ai obtenu l'argent...parce que s’il avait su que l'argent était le sien, il aurait refusé par principe, me blâmant pour mon inadvertance puisque tout ça était mon idée...

L'étang qui se situe juste en face de notre appartement devient un endroit où je vais juste m’asseoir et contempler, un petit bout de tranquillité dans l’étendue urbaine dans laquelle nous habitons...je regarde les gens pêcher, tirant leur poisson-chat sale hors de l'eau et les mettant dans leurs seaux en plastique blanc en faisant plouf...je me sens toujours désolé pour les poissons, avec leurs destinées incertaines, faisant des tours dans un seau...une après-midi, je regarde un adolescent que je connais un petit peu et qui habite dans une des maisons du centre ville à côté de l'étang...il saigne de la tête, une vilaine entaille à travers le haut de son sourcil...je lui demande ce qu’il lui est arrivé, et il me dit que quelqu'un lui a jeté une pierre d’en face de la route...il ne sait pas qui le lui a fait, mais jure de se venger...l’étang perd soudainement son charme en tant qu’endroit paisible, je cesse donc d’y aller...



Copyright 2005 Billy Corgan. All Rights Reserved. Please do not do reproduce or publish in hard or electronic form without written authorization.

Traduction par Benjamin Pruvost et Antoine Leruste. Copyright 2005. Tous droits réservés. Toute reproduction est interdite sans autorisation écrite.

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fr 2006-04-09T17:13:12+02:00
<![CDATA[Bombe à retardement [1974]]]> http://billycorgan.over-blog.com/article-2366850.html Un souvenir: je suis dans un magasin de tissu avec mon père et mon frère... j'ai environ 6 ans, lui en a environ 4...mon père met un temps fou à faire ce qu’il a à faire, et cela frustre mon frère qu'il ne fasse pas attention à lui...il commence donc à s’agiter, et mon père n’arrête pas de lui demander de se calmer et il me laisse m'occuper de lui pendant qu'il est occupé à obtenir ce qu’il est venu chercher...soudainement, sans prévenir, mon frère jette sa tête en arrière et se la cogne sur une agrafe en métal accrochée à une table basse...il me regarde avec des yeux surpris, et alors des litres de sang commencent à littéralement gicler hors de sa tête…je n’ai jamais vu autant de sang de ma vie, et je suis au bord de l’évanouissement...le hurlement que pousse mon frère à retardement fait revenir mon père auprès de nous, et alors qu’il me demande "qu’est-ce qui s’est passé?", une femme qui s'est avérée justement se tenir là dit "je ne sais pas, il est juste devenu fou et a jeté sa tête contre la table"...mon frère porte une jolie veste blanche de base-ball, et elle s’imbibe si bien de sang que maintenant il ressemble à quelqu’un qui viendrait d’être victime d’un meurtre...mon père colle sa main sur sa tête, comprimant la plaie, mais le sang continue à gicler entre ses doigts...nous courrons à la voiture de mon père, une vieille Duster jaune, et nous nous précipitons vers un hôpital...maintenant c’est à moi de l’empêcher de saigner plus...il semble qu’il ait déjà perdu une énorme quantité de sang au moment où nous sommes arrêter par la police (ils ont vu mon père griller une intersection), et une fois qu'ils voient mon frère de près, ils nous offrent une escorte spectaculaire jusqu’à l'hôpital...

Le terrain derrière l’épicerie devient notre cour de jeu quotidienne, un simple terrain vague d'asphalte et d’ordures, avec des déchets pourris partout sur le sol (j'apprends une leçon de la manière dure quand je décide de donner un coup de pied dans une tomate et que son jus gicle tout droit dans mon œil)...les employés du magasin nous tolèrent généralement nous et nos singeries, nous ignorant quand ils sont occupés et entamant des conversations quand ils s’ennuient...en particulier, un employé fainéant se met en tête d’essayer de nous chasser des lieux en nous montrant un insigne et en nous disant qu'il est flic...nous répondons intelligemment que s'il est flic, que fait-il alors à travailler dans une épicerie...il ne sait pas quoi répondre, et nous laisse entièrement seuls par la suite...afin d'aider la famille à faire des économies, nous prenons souvent des bons au magasin, espérant apporter quelque contribution au problème constant de ne pas avoir assez de quoi que soit; assez d'argent, assez de nourriture, assez de temps...un jour, le magasin fait une promotion pendant laquelle, pour un certain temps, vous obtenez une remise de 10% sur vos prochains achats, basée sur vos tickets de caisse du mois précédent (comme nous faisons en moyenne pour environ $200 d’achat par mois à l'épicerie, nos économies seraient d’environ $20 ou quelque chose comme ça)...je me dis que puisqu'il n'y a aucune limite à la remise pendant la promotion, si nous rassemblons les tickets de caisse d'autres personnes, nous pouvons faire économiser bien plus d'argent à notre famille, ainsi je recrute mon frère pour rester devant magasin avec moi des heures durant, demandant à chaque personne qui sort si elle serait d’accord pour nous donner son ticket de caisse...la plupart des personnes, n’étant pas au courant de la promotion, nous remettent volontiers leurs tickets, et entre ceux-ci et ceux que nous déterrons honorablement des poubelles, nous parvenons à rassembler plus de $2000 en tickets de caisse en environ 2 semaines, faisant ainsi économiser à notre famille l'équivalent d’un mois entière de courses...cela ne plaît pas au patron du magasin, et il nous le fait savoir...

Nous nous mettons en tête que nous voulons camper dehors, et nos parents sont d’accord tant que nous restons dans le petit terrain clos en béton derrière notre appartement et que nous ne partons pas…n’ayant jamais campé, ou dormi dehors auparavant, nous devenons fous à faire nos plans…mon père nous informe que si nous restons dehors 'pour de vrai', nous devrons vraiment passer la nuit entière dehors, ce qui signifie ne pas rentrer au milieu de la nuit, même pas pour aller aux toilettes…il insiste sur le fait que si nous voulons que ce soit une véritable expérience, nous devons nous préparer comme si c’était une véritable nuit en forêt…nous en parlons à quelques parents des alentours, et 3 de nos autres amis obtiennent la permission de se joindre à nos aventures (2 garçons et une fille)…nous nous y mettons tous et construisons une tente compacte faite de couvertures, la remplissant de jouets, de snacks et d’eau, et on nous laisse tout seuls…nous sommes enchantés de notre liberté, et chaque bruit de voiture qui passe ou de camion en train de se faire décharger devient à minuit quelque chose de menaçant…notre seule lumière est une simple lampe torche, et je fais de mon mieux pour essayer de donner la chair de poule aux autres en racontant des histoires d’horreur…finalement, une fois que nous n’avons plus rien à nous dire, et que chaque morceau de sucre a été englouti de bon appétit avec la faim d’une terreur nouvelle, chacun se couche pour un sommeil tranquille et heureux…

Après deux heures de sommeil, je me réveille dans la brise, et il commence à pleuvoir doucement, et le doux tapotement de l'eau sur les couvertures sonne comme un petit tambour à la peau bien tendue...puis le tonnerre se met à gronder, et il se met à pleuvoir à verse...la tente commence à s’inonder plus rapidement que nous ne pouvons évacuer les poches de pluie...les couvertures en-dessous de nous absorbent l'eau, de telle sorte que maintenant nous sommes trempés, froids, et misérables, et il n’y a nulle part où nous puissions aller...le gamin qui habite en face est le premier à courir chez lui bien que nous le traitions de fils à maman…il dit qu’il n’en à rien à faire de ce que nous pensons, et puisque son lit chaud et sec est juste à 25 pieds de là, il s’en va précipitamment...le frère et la sœur, d’une autre trempe, tiennent quelques heures dans cette tempête aux proportions bibliques, mais quand la foudre tombe tout près et juste au-dessus de nous, ils décident qu’ils en ont eu assez...mon frère et moi nous retrouvons donc seuls, assis sous un toit s’effondrant sans cesse, ne sachant que faire...mon frère dit qu'il veut rentrer, mais je lui rappelle ce que notre père a dit au sujet de tenir bon...il m'ignore, quittant rapidement notre tente pour filer tout droit vers notre porte de derrière...quelques temps après, il revient, trempé, parce que la porte a été fermée à clef pour la nuit…nous restons donc ainsi assis pendant des heures jusqu’à ce que la tempête passe, finalement jetant de côté les couvertures trempées, assis côte à côte sur les marches de derrière alors que percent les lumières du petit matin...mon frère passe le temps restant à manger tranquillement des biscuits pour chien tandis que j'essaye d'essorer les lourdes couvertures...

Nous explorons chaque centimètre carré de notre minuscule voisinage, chevauchant nos vélos comme si nous étions constamment sous un assaut invisible...on peut toujours nous entendre venir parce que, suivant la mode d’alors, nous avons accroché des cartes de base-ball aux rayons de nos roues, ce qui fait un crépitement infernal lorsque nous arrivons...notre monde est petit, mais il semble immense, cette utopie suburbaine de grottes mal-agencées et de parkings vides...notre vie à la maison est une contradiction étrange et constante, la famille normale avec 2 enfants et l’épouse jolie et le papa qui fume un joint pendant le dîner...Je suis réputé être le plus gros mangeur de la famille, la plaisanterie étant que j'ai "une jambe de bois"...ce n’est pas rare que mon père me défie pour voir combien je peux manger, ou à quelle vitesse...une certaine nuit, il me met au défi de manger une bol entier de spaghetti...ma récompense si je "gagne" doit être 3 gros gâteaux au chocolat pour mon dessert...après avoir englouti toute cette nourriture, j‘avale aussi les gourmandises au chocolat, non pas parce que j'ai faim, mais parce que j'ai gagné et que j’ai prouvé à mon père qu’il avait tort...je suis vraiment heureux et content, jusqu’au moment où je vomis la concoction entière…mais je m’en fiche, parce que j’ai gagné le pari, et c’est tout ce qui compte…

L’épicerie fait une nouvelle promotion, cette fois-ci c’est une sorte de loto où vous devez rassembler toutes les pièces d'une certaine rangée, et si vous y parvenez, vous gagnez le lot associé à cette rangée...le meilleur lot, que vous obtenez en complétant la rangée du milieu, est $2.000 en cash...donc de nouveau, mon petit frère et moi décidons de nous en occuper, et nous reprenons nos anciennes places devant l’épicerie, dérangeant les clients qui sortent en leur demandant leurs morceaux de loto...le patron essaie de nous chasser, conscient de notre détermination, mais nous l’ignorons et lui disons que le trottoir est une propriété publique...à chaque fois que nous obtenons une nouvelle pièce que nous n'avons pas encore, nous la mettons sur la carte de jeu fournie que nous avons collée sur la porte du réfrigérateur...après environ 3 semaines, nous arrivons à obtenir ce qui a l'air d'être le morceau magique, et cela nous rend fou de savoir que nous allons faire gagner le prix de $2.000 à notre famille...cependant, il y a un problème, parce que le morceau central est accidentellement tombé, et juste au cas où, ma belle-mère a écrit que le morceau "est tombé derrière le réfrigérateur" sur la carte...au début, nous pensons que le morceau manquant n'est peut-être pas si rare du tout, donc nous cherchons maladroitement parmi toutes les pièces en double pour voir si nous l'avons...nous nous inquiétons vraiment lorsque nous nous rendons compte que le morceau manquant est le morceau le plus difficile à obtenir de tout le jeu, donc nous devons trouver ce morceau, sinon nous ne gagnons pas l'argent!!...nous commençons tous les 4 à chercher frénétiquement du mieux que nous pouvons, déplaçant finalement le réfrigérateur, et vidant complètement tous les tiroirs...nous cherchons environ 4 heures, jusque tard dans la nuit, mais nous ne retrouvons jamais la pièce...

Un soir, au crépuscule, mon frère et moi marchons près de notre maison quand notre attention est attirée par un bruit de tic-tac fort...nous établissons tout deux que le tic-tac provient d'une voiture garée, et je glisse nerveusement ma tête sous la voiture pour voir ce qui pourrait être la cause de ce bruit...mon frère pense que c’est une bombe, et ne sachant pas vraiment si je suis d'accord avec lui ou pas, je lui demande "qu’est-ce que tu penses que nous devons faire?"...il suggère que je frappe à la porte de l'appartement devant lequel la voiture est garée, parce que c'est peut-être leur voiture, et si ce n'est pas le cas, ils pourraient peut-être appeler la police…c’est à moi d’agir maintenant, et je frappe donc délicatement à la porte, et une gentille dame d’âge moyen me répond...je lui demande gentiment, "madame, est-ce que c’est votre voiture?", montrant prudemment la voiture..."oui, mon garçon, pourquoi?"…"umm, je suis désolé de vous déranger si tard, mais je pense que quelqu’un a posé une bombe sous votre voiture"…elle appelle son mari, et je répète rapidement mon histoire…il rit et me dit, en me tapotant sur l’épaule "merci de t’en inquiéter, mais c’est juste le bruit que fait une vieille voiture lorsqu’il fait chaud et qu’elle se refroidit, donc ne t’en fais pas et rentre vite chez toi maintenant"…

En train de jouer dehors un après-midi, je rentre à la maison prendre un verre de jus de fruit kool-aid quand je trouve ma belle-mère essoufflée d’excitation...elle me demande que si je veux savoir un secret, un secret à ne pas répéter à mon père..."tu es prêt?"...après une longue pause, elle me dit nerveusement, "je vais avoir un bébé!"...je ne l'ai jamais vue aussi heureuse..."ne le dis pas à ton père, parce que je veux lui faire la surprise"...quand mon père rentre finalement à la maison, je l'évite comme la peste, parce que je ne veux pas qu'il aperçoive le secret dans mes yeux...après un certain temps, le moment arrive finalement quand elle décide de le lui dire...il est assis à la table de la cuisine, en train de regarder une émission à la télé sans le son quand elle vient et lui dit "j'ai une grande surprise pour toi"...sa réponse me surprend, car sans la regarder et sans émotion aucune, il dit de façon directe "tu es enceinte"...elle saute avec enthousiasme dans ses bras, mais il ne semble pas du tout heureux de la grande nouvelle...



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Traduction par Benjamin Pruvost et Antoine Leruste. Copyright 2005. Tous droits réservés. Toute reproduction est interdite sans autorisation écrite.
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fr 2006-04-06T21:34:41+02:00
<![CDATA[Une Déclaration d’Indépendance [1973]]]> http://billycorgan.over-blog.com/article-2320448.html La première fois que j’ai été témoin de la nudité d’une femme, c’était avec mon demi-frère: mon frère et moi nous disputons en bas, pendant que mon père et ma belle-mère sont en haut dans leur chambre…comme c’est tôt dans l’après-midi, la consigne générale est comme d’habitude de rester tranquille pendant la journée, pour ne pas réveiller mon père…les choses entre nous dérapent, et la chose suivante dont je me rappelle est qu’elle hurle mon nom et des insultes du haut des escaliers…elle a les cheveux hirsutes tels un pissenlit, elle est toujours en sous-vêtements, portant un espèce de T-shirt large…sans qu’elle le sache, son sein gauche pend hors du haut de son T-shirt, et se balance vers moi pendant qu’elle hurle…

A deux portes de notre duplex vit une famille avec 2 enfants à peu près du même âge que mon frère et moi…ce sont des gens vraiment très gentils, donc nous passons beaucoup de temps à traîner chez eux, manger leur nourriture, avec leur mère jouant notre baby-sitter occasionnelle…la plus âgée des enfants, celle de mon âge, est un mignon garçon manqué qui est turbulent et extraverti, jouant au football et au baseball avec nous autres les garçons…mon frère n’a pas autant que moi l’esprit de compétition, et n’aime pas le sport, c’est donc bien d’avoir un ami proche qui aime jouer même si c’est une fille…ce n’est pas inhabituel que l’on nous laisse elle et moi tout seuls dans leur maison ou la notre pour jouer, puisque nous sommes des enfants assez murs d’après la plupart des normes…une nuit, laissés tout seuls à nos propres soins, elle me demande si je veux jouer un jeu…toujours partant pour la compétition, je lui demande à quel jeu elle voudrait que l’on joue…elle me dit qu’elle veut jouer au docteur, et quand je lui demande quelles en sont les règles, elle m’explique vaguement que je suis le docteur et qu’elle est la patiente…ne comprenant pas complètement où elle veut en venir, j’accepte quand même…elle m’emmène derrière le bar au sous-sol où il fait vraiment très sombre, et s’allonge sur le sol froid…elle me dit qu’elle est maintenant prête pour être examinée, donc je fais innocemment semblant de vérifier son cœur avec un stéthoscope imaginaire, et lui prends le pouls au poignet…elle a l’air de s’impatienter quelque peu, alors je lui demande ce qui ne va pas…elle ne répond rien, donc je continue de jouer le jeu, lui posant le genre de questions que les docteurs me posent; "est-ce que tu as mal a l’estomac? est-ce que tu dors bien?"…je trouve ce jeu un peu stupide, mais je suis intrigué par le fait de jouer ce jeu dans le noir quasi-total …elle me demande si je veux l’examiner un peu plus, et je dis ok…toujours allongée sur le sol, elle descend sa culotte sur ses genoux, dévoilant son vagin imberbe…c’est la première fois que je vois un vagin, et je le fixe, choqué par la différence qu’il y a entre elle et moi à cet endroit précis…ma tête commence à bourdonner, alors que je suis submergé par une sensation bizarre d’excitation sexuelle…elle est simplement couchée là, immobile, et je ne sais pas vraiment ce que je suis censé faire, ou ce qu’elle veut que je fasse…j’ai honte de la sensation qui m’envahit de faire quelque chose de mal, même si personne ne m’a jamais expliqué quoi que ce soit qui puisse m’indiquer que c’est un tant soit peu mal…elle veut que je la touche, et lorsque je refuse, elle remonte soudainement sa culotte et dit "ok, c’est ton tour"…tout ça me rend tellement fou que je lui dis que j’en ai assez et que je ne veux plus jouer…c’est aussi au cours de cette même nuit qu’elle m’explique très méticuleusement, et avec beaucoup de détails, que le Père Noël n’existe pas…

De retour à l’école en classe de CE1, j’excelle dans mes études, et on me dit systématiquement que je suis le meilleur de la classe en lecture, sciences, et math…les instituteurs me montrent comme l’exemple aux autres élèves de la classe de ce qu’ils attendent d’un élève, particulièrement dans l’animation des discussions de classe et dans les questions pertinentes et encourageantes au sujet de ce qui est enseigné…comme récompense de mes efforts scolaires et de mon aisance à prendre la parole en public, on me demande de lire une partie de la Déclaration d’Independence devant tous les élèves et leurs parents dans le cadre d’une réception nocturne de l’école, ce qui a l’air selon toute vraisemblance d’être très important…puisque l’événement a lieu dans encore quelques semaines, mes instituteurs me donnent du temps supplémentaire en dehors de mes études normales pour le préparer…

Chaque jour après le déjeuner, on laisse sortir tous les enfants du CP au CM2 dans la cour de récréation s’amuser pendant une demi-heure…puisque le baseball est mon sport favori, je passe d’habitude mon temps dehors à y jouer…une après-midi pendant que nous jouons, j’envoie ma balle dans le coin d’enfants plus âgés que je connais pas…lorsque je m’approche de ce groupe d’enfants pour récupérer la balle, un garçon d’environ 3 ans de plus que moi refuse de me la rendre, se moquant de moi devant ses camarades…et débute un jeu stupide où j’essaie d’attraper la balle et il la retire à chaque fois…je commence à m’énerver de plus en plus, et alors que je m’approche de lui, il commence à reculer lentement, et se met à lever le pied…maintenant je le poursuis, énervé par le fait qu’il ne me rendra pas la balle et qu’il s’est moqué de moi devant ses amis…pendant que je le poursuis, je porte encore la petite batte de baseball avec laquelle j’ai frappé la balle, et je l’avertis que s’il ne me rend pas la balle je le frapperai avec…finalement, il se fatigue d’être poursuivi et s’arrête, se tenant près du mur en briques de l’école…je fais un dernier effort pour attraper la balle de son bras tendu, et lorsqu’il la retire une fois de trop, je lui donne un grand coup de batte dans la tête…je n’ai pas l’impression de l’avoir frappé si fort que ça, car j’essayais plus de l’effrayer que de le blesser, et il s’effondre comme un sac de pommes de terre…

On appelle ma belle-mère à l’école, et on me demande de m’expliquer devant elle et le directeur de l’école…je suis frustré par le fait qu’aucun d’entre eux n’a l’air d’avoir de compassion pour ma version de l’histoire, que j’étais la victime dans l’affaire…après que l’on m’a envoyé m’asseoir dans le hall pendant quelque temps, ma belle-mère sort finalement et me ramène à la maison…ils n’ont pas encore décidé de ma punition, et ils vont me la faire savoir le jour suivant après l’école…le lendemain je n’arrive pas à me concentrer, parce que je me sens tellement humilié par tout ce qui est arrivé…beaucoup de mes camarades sont impressionnés par ma violence, mais je suis horrifié par toutes les attentions négatives, parce que je n’ai jamais eu de problèmes à l’école auparavant…je trouve beaucoup de consolation à être l’élève modèle puisque c’est l’un des seuls aspects contrôlables de ma vie, et quelque chose dans lequel je peux exceller sans limitation, pas comme dans mon quotidien à la maison…à la fin de la journée, mon instituteur et le directeur m’emmène dans une salle…ils me disent que ma punition sera de rester après l’école tous les jours jusqu’à ce que j’ai écrit 1500 fois « I will not hit anyone in the head with a baseball bat" ("je ne frapperai personne à la tête avec une batte de baseball")…l’autre partie de la punition est qu’ils m’enlèvent l’honneur de parler devant toute l’école, me rétrogradant dans les faits de la tête de ma classe…je leur demande s’il y a une façon de pouvoir le changer, parce que j’ai beaucoup de regrets pour mes actes et parce que j’attendais impatiemment de parler pour la cérémonie de l’école…ils me disent fermement que leur décision est prise, et qu’il n’y a rien à faire pour alléger ma punition…personne ne m’a jamais demandé s’il y avait une telle violence chez moi…

Lorsque vous considérez que votre feuille de papier standard comporte 26 lignes, vous pouvez vous rendre à quel point écrire 1500 lignes est une corvée (environ 60 pages)…après être resté environ une heure le premier jour après l’école, j’ai fini à peine 4 feuilles, c’est-à-dire environ 200 lignes…pour moi, cela va beaucoup trop lentement…puisque chaque mot de la phrase que je dois écrire commence par un "I" j’élabore un système pour accélérer le procédé…je trace simplement une ligne droite le long de la page, en faisant rapidement les tirets, utilisant le tiret du bas pour celui du haut du "I" suivant (le "N" dans "not", le "H" dans "hit", etc.)…tout va très bien jusqu’à ce que mon instituteur découvre ce que je fais, et me fait tout recommencer depuis le début, déchirant les 15 pages que j’ai déjà finies…

Ma première expérience d’une fille me courant après a aussi lieu cette année-là, dans cette même cour de récréation…l’une de mes camarades de classe, une jolie fille avec de longs cheveux blonds n’arrête pas de me suivre où que j’aille…je ne comprends rien à ce qu’elle veut, parce que lorsque je lui demande si elle veut se joindre à nous quel que soit le jeu auquel nous jouons, elle répond toujours "non merci", mais s’assied et me fixe des yeux à la place…elle fait toujours des choses stupides pour attirer mon attention, mais je continue à simplement l’ignorer parce qu’à mes yeux elle agit bêtement…sa frustration causée par mon dédain explose pendant une récréation, et elle commence à me poursuivre, s’agrippant a moi…comme elle ne peut pas m’attraper, elle enlève sa ceinture en cuir et essaie de me frapper avec…lorsqu’elle me touche finalement, cela ne me fait pas si mal, alors j’éclate de rire à haute voix…ça l’énerve encore plus, donc elle me frappe encore plus fort, et je ris plus fort…à chaque fois que je ris, elle me frappe, encore et encore et encore dans une complète frénésie jusqu’à ce qu’un instituteur arrive finalement et ne mette un terme à tout ça…


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Traduction par Benjamin Pruvost et Antoine Leruste. Copyright 2005. Tous droits réservés. Toute reproduction est interdite sans autorisation écrite.
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fr 2006-04-02T12:16:25+02:00
<![CDATA[In the Court of James [1973]]]> http://billycorgan.over-blog.com/article-2275613.html Nous avons déménagé à 2 petits pâtés de maisons de notre petit nid dans le cul-de-sac de la Résidence Lynn pour un autre aménagement résidentiel dans la Résidence James, qui se situe juste derrière une grande épicerie…notre maison est la dernière de la rangée, juste à côté des quais de chargement…si vous sortez par la porte de devant, vous n’avez pas accès à l’allée principale, donc nous avons pris l’habitude de passer par-dessus la barrière, qui fait à peu près 1 mètre 80 de haut et qui est faite de bois rayé…notre jardin (si on peut l’appeler ainsi) est un carré de béton d’environ 1 mètre 50 sur 1 mètre 50…il y a 4 maisons dans chaque rang, et environ 8 rangs au total…ma chambre se situe dans le coin supérieur, j’ai donc une vue dégagée sur les entrées des maisons et les docks …à l’autre bout de notre rangée, il y a une grande pelouse qui s’étend sur tout le long de l’aménagement, parfaite pour jouer au football et au baseball…juste de l’autre côté de la rue, il y a une mare profonde, où les gens viennent souvent pêcher le poisson-chat…tout le voisinage est rempli de différentes sortes de projets urbains, et on en arrive au point ou rien n’est beau et tout est laid…

Bien que nous soyons juste à deux pas de là où nous vivions, la géographie de notre ancienne maison nous coupe mon frère et moi de nos anciens amis, et alors que les jours passent, nous ne les voyons pratiquement plus du tout, mis à part à l’école…il y a beaucoup de jeunes dans le nouveau voisinage, et par chance nous nous faisons rapidement des tonnes de nouveaux amis…le parking du supermarché est parfait pour les matchs de baseball, la clôture du gigantesque concessionnaire automobile d’à côté offrant une distance convenable pour un home run…le supermarché lui-même se situe au bout d’une longue rangée de commerces, partant d’un très grand bowling, et continuant avec une boutique de spiritueux, une épicerie, un restaurant chinois, et quelques autres trucs…la route juste devant le supermarché est une grande route qui vient de l’est et va jusqu’au lac au centre ville de Chicago, à juste un peu plus d’une heure de voiture…de l’autre côté, il y a aussi un autre ensemble de grands magasins…donc quand nous nous ennuyons, nous allons simplement dans les magasins et nous nous baladons sous l’air conditionné, regardant des trucs que nous savons ne pas être dans nos moyens…

Le fait que ma belle-mère fume n’est pas vraiment un secret, mais elle a promis à mon père, duquel elle a terriblement peur, qu’elle avait arrêté...lorsqu’il n’est pas dans les parages, ou lorsqu’il est en train de dormir, elle m’envoie en cachette lui acheter ses cigarettes...elle me donne une note écrite à la main qui dit "à qui de droit, vendez un paquet de cigarettes de n’importe quelle marque à mon fils s’il vous plaît...merci", et ensuite elle signe pour le rendre officiel...elle m’a fait jurer de ne rien dire, et me dit en des termes clairs que mon père ne doit pas découvrir qu’elle fume...l’implication est comme d’habitude que si elle a des problèmes, alors des problèmes encore plus gros m’attendent...lorsque je vais au magasin de spiritueux, je rencontre la plupart du temps le propriétaire, qui travaille dans l’arrière boutique...il n’est pas très gentil, et lorsqu’il conclue les ventes, je fixe une photo ternie en noir et blanc de lui quand il était bébé, nu sur un tapis en peau d’ours...je me demande comment cet enfant heureux et souriant a pu devenir ce vieil homme méchant...

Je l’appelle maman maintenant, même si je ne la considère pas comme ma mère...elle fonctionne comme une mère le ferait, préparant les repas et s’assurant que nous faisons tout ce que nous sommes supposés faire, mais c’est tellement sans gaieté ou grâce que cela crée un sentiment d’inconfort quoi que cela concerne...ma vraie mère plane au loin, au-dessus de là où les lumières vives de la ville chassent les nuages la nuit...mais elle ne peut pas m’aider maintenant, pas dans cet endroit d’âmes bombardées...

L’anxiété de l’année passée depuis que j’ai déménagé avec mon père et ma belle-mère commence à s’accumuler, causant une nervosité en moi qui ne partira pas...je sens souvent que je n’arrive pas à respirer, tellement la nature oppressante du foyer m’étouffe...mon père semble se droguer plus régulièrement maintenant, et semble être trop lent pour se rendre compte que je sais qu’il est capable de faire des choses qu’il ne devrait pas faire...il pense encore que je suis trop jeune pour remarquer un tel comportement...la nuit, je commence à faire des cauchemars, le pire genre de démons me chassant dans des forêts sombres...je commence à faire une série de rêve où je suis perdu dans un monde de béton désert (je fais toujours ce rêve occasionnellement, mais pendant 20 ans je l’ai fait quasiment chaque semaine)...je me réveille de nombreuses fois la nuit, au moment où je tombe, me réveillant juste avant de toucher le sol...

Je suis souvent de corvée de salle de bains, et on attend de moi que je nettoie les toilettes et la douche à un niveau de propreté militaire...je dois aller chercher ma belle-mère quand j’ai fini pour qu’elle puisse inspecter le travail par elle-même, se tenant maladroitement lorsqu’elle regarde de près les endroits autour des toilettes, de l’évier et de la baignoire...si j’ai oublié quelque chose, elle me dit que je dois nettoyer à nouveau pour un long moment (du genre une autre demie heure), et de ne pas me donner la peine de l’appeler tant que je ne suis pas certain que l’endroit est parfait...comme la salle de bain elle-même a déjà été nettoyée une fois, je passe quelques minutes a re nettoyer l’endroit, et je m’assieds et j’attends simplement le temps approprié en silence avant de l’appeler à nouveau...la première fois qu’elle rentre dans ma chambre en criant au beau milieu de la nuit (mon père ne rentre pas à la maison avant 5 heures du matin habituellement) a à voir avec quelque chose qui l’a contrarié dans le manque de propreté de la salle de bain, et elle me traîne hors du lit par les cheveux jusqu’à la salle de bain en bas dans l’entrée...elle colle mon visage sur le pied des toilettes, si près que je peux sentir l’étrange mélange des solvants et de l’urine, me demandant si je pense que cet endroit est propre...comme je ne sais pas comment répondre, elle insiste que les toilettes sont sales, et me les fait nettoyer a nouveau en plein milieu de la nuit...ces fréquentes crises nocturnes, qui impliquent de me faire réveiller soudainement avec elle au-dessus de moi criant à plein poumons incluent aussi des coups et occasionnellement de me faire pousser du haut des escaliers...se faire jeter du haut des escaliers a habituellement à voir avec le ménage dans la cuisine...la terreur de tout ça me donne un cas d’insomnie incurable, et me donne le sommeil très léger (je souffre encore d’insomnie quelques fois, mais ca va un peu mieux---c’était terrible pendant 25 ans ou quelque chose comme ca)...lorsque mon père rentre a la maison, je suis couché dans mon lit et je l’écoute lui préparer à manger...je redoute ces sons, les sons des casseroles, des poêles et de la cuisine, parce que cela signifie que je vais devoir nettoyer plus tard...

Je commence à faire pipi au lit presque toutes les nuits...les quelques premières fois, ma belle-mère prend mes draps sans rien dire...après les quelques premiers incidents, elle commence à se mettre vraiment en colère...si mon père est au courant qu’il y a un problème, il ne le montre pas...le fait que je fasse pipi au lit semble la speeder un maximum, et elle aggrave le problème en me disant qu’il y a quelque chose qui ne va pas chez moi, que si j’étais normal comme tous les autres garçons et toutes les autres filles, je n’aurais pas ce problème...elle me terrifie, alors je commence à cacher les preuves s’il y en a lorsque je fais pipi au lit...ça marche quelques fois, mais elle se met a vérifier le lit chaque matin, souvent avant que je me réveille...si elle découvre que j’ai fait pipi au lit, elle me fait y rester pendant des heures, en punition de ce que j’ai fait...je reste juste couché sous les couvertures mouillées et demande à Dieu de la tuer pour moi parce que je la hais tant...c’est à ce moment-là que la vraie violence de ma vie commence, s’entrelaçant avec tout ce que je fais et tout ce que je suis...



Copyright 2005 Billy Corgan. All Rights Reserved. Please do not do reproduce or publish in hard or electronic form without written authorization.
Traduction par Benjamin Pruvost et Antoine Leruste. Copyright 2005. Tous droits réservés. Toute reproduction est interdite sans autorisation écrite.

 

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fr 2006-03-28T19:05:39+02:00
<![CDATA[Le Toy Hammer [19??/1985]]]> http://billycorgan.over-blog.com/article-2199161.html Mon père m’a demandé une fois si je me souvenais de l’histoire du "Toy Hammer" 1 il me dit que mon frère, quand il était encore bébé, s’est retrouvé à l’hôpital couvert de bleus de la tête aux pieds…on avait fait appel à la police pour enquêter, et quand ma mère fut questionnée, elle leur dit que j’avais battu mon frère avec mon toy hammer…mon père me demandait simplement si j’avais un quelconque souvenir de tout ça…je dis que je ne savais pas de quoi il parlait, et il me semblait que c’était le genre d’incident donc je me serais souvenu…ma mère était encore vivante quand elle m’a confié tout cela, et alors qu’il me racontait l’histoire, il ajouta qu’il n’avait jamais été à l’aise avec sa version….la police l’a également questionné, mais il leur avait dit qu’il n’était pas en ville à l’époque...tout ce que j’avais à ajouter c’est que ma mère n’avait jamais levé la main sur moi de toute ma vie, et je ne l’avais jamais vu frapper mon frère non plus…il termina tout ça en disant "merci, je me suis toujours posé des questions à ce propos"

Pour mon 18éme anniversaire, je vais avec mon père au International House of Pancakes, notre endroit habituel pour manger un morceau au petit déjeuner…mon père et moi sommes semblables dans le sens où nous aimons manger au même endroit tous les jours, même si c’est mon anniversaire, il n’y a donc rien de spécial…mon père donne souvent des pourboires pour la nourriture (plutôt rare pour un fast food), alors le chef rajoute toujours plus de nourriture afin de prendre soin de nous en retour…mon père a toujours tendance à être un peu sentimental pendant les vacances et les anniversaires, alors il n’est pas inhabituel qu’il commence à être extatique à propos du fait que j’ai bien grandi et que nous vieillissons (il est plus âgé que moi d’un peu plus de 20 ans)…il me répète quelques unes de ses histoires préférées sur mon enfance, et je me réjouis dans la lueur rare de son attention directe…après un court moment, il devient calme, et son visage devient bizarre, et je sais que quelque chose va venir…"il y a quelque chose que je dois te dire", son regard me rend nerveux, je pense qu’il va me dire qu’il va mourir d’une maladie rare (chose qui n’est pas rare avec mon père non plus)…"je ne sais pas comment te dire cela, et je me suis toujours dit que j’attendrais jusqu’à ce que tu sois assez grand pour l’entendre", il me dit d’une façon inquiétante…"tu sais, j’ai rencontré ta mère quand j’étais un jeune homme, et comme tous les garçons qui sortent de la maison, je courrais partout après les filles"…à ce stade, je ne peux absolument pas dire où tout cela va mener, mais je sais que ça ne peut être bon…"bref, ta mère et moi avions tous les deux à peine 19 ans quand tu as été conçu, et de toute évidence tu étais un accident, car nous ne projetions pas vraiment d’avoir déjà un enfant, et en fait, je n’aurais vraiment pas pu dire à l’époque si nous allions rester ensemble ou non…cela faisait peut de temps que nous étions ensemble de toute façon…alors à l’époque où je sortais avec ta mère, je voyais également cette autre fille"…là je suis complètement perplexe, car je n’ai jamais entendu parler de cette 'mystérieuse femme', et je ne sais pas ce qu’elle peut avoir à faire avec ma vie (ou mon anniversaire d’ailleurs !)…je me demande pourquoi il a attendu toutes ces années pour me dire peut importe ce qu’il va me dire, je suis sur le bord du siège…même si il y a du monde dans le restaurant, tout ce que j’entends c’est le bruit de mon cœur me lançant dans les oreilles et sa voix faible…"donc oui, à ce même moment où ta mère était enceinte de toi, j’ai aussi mis enceinte cette autre fille quasiment au même moment"…mon regard a dû lui donner une pause, car il s’arrête un moment et dit "je suis désolé de te dire tout cela maintenant"…je bafouille une sorte de question, et il continue…"même si j’ai dit à cette femme que je ne voulais pas d’une relation avec elle car j’étais plus sérieux avec ta mère, elle a tout de même continué et a eu le bébé…j’ai perdu contact avec elle peu de temps après, je ne sais donc pas ce qu’il a pu lui arriver à elle ou au bébé…mais je pensais que tu devais savoir que quelque part sur terre (il balaie sa main vaguement dans la direction de l’infini), tu as un demi-frère"…là je tombe de haut, alors que mon esprit parcourt toutes les personnes de l’univers…beaucoup de questions me tombent dessus; "est t’il vivant, où est t’il, vit-il encore à Chicago ? "…je ressens soudainement une grande responsabilité de trouver cette personne, et le revendiquer comme un des miens, peut importe qui il est…je demande à mon père, "connais-tu son nom? "…"je ne me souviens pas du nom de famille de cette femme, mais je peux te dire quel est son prénom…je lui ai dit de ne pas faire ça, mais parce que je suis le père elle a continué et l’a appelé Billy"…

Quelques années plus tard, je suis à la fête de quelqu’un que je ne connais pas très bien…il y a beaucoup de visages inconnus, des endroits ombragés et de la musique forte…j’espionne un visage familier de l’autre côté de la pièce, un visage qui me semble incroyablement familier…ma première pensée est "c’est lui ! ", mais je m’en dissuade aussitôt…"cela ne se peut pas", je pense…il me regarde, et je le dévisage…il sourit, et je souris du genre "comment vas-tu ? "…je ne sais pas si je devrais me lever et aller lui parler, car il a cette lueur réminiscence dans son œil…je ne sais que faire, alors je ne fais rien…comment faire pour aller voir un inconnu et lui dire "salut, t’es mon demi-frère ? est ce que mon père a mis enceinte ta mère et ils se sont ensuite séparés ? "…peut être ne connait t’il même pas la vérité, si il est vraiment possible que ce soit lui…peut être que je me fais un film...il semble être de mon âge, près d’1mètre 80, et son nez semble spécial…la scène entière dure 15 secondes, et rien ne se passe, le moment se perd, et je quitte la fête avec le visage derrière moi…

1 Marteau jouet


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Traduction par Antoine Leruste. Copyright 2005. Tous droits réservés. Toute reproduction est interdite sans autorisation écrite.

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fr 2006-03-19T19:22:43+02:00
<![CDATA[Dans l’Ombre des Ruines [1993]]]> http://billycorgan.over-blog.com/article-2128749.html C’est une journée radieuse et ensoleillée, la première de notre bonheur conjugal…je suis heureux, car tout est terminé dans ma tête, dans les deux sens du terme…durant le mariage, toutes sortes de fleurs et de cadeaux sont arrivés du monde entier, un hommage à notre union et ma vie / renommée internationale…je suis maintenant un homme marié, et je vois ma femme dans le contexte de ma famille de sang, elle est à moi et je suis à elle…durant les 6 années ensemble avant cela, au travers des nombreux hauts et bas de casser et revenir ensemble ; les infidélités (des deux côtés), les trahisons, et les moments d’amour percutants dans le meilleur sens du terme, le chemin nous a mené à ce jour où nous somme maintenant blottis ensemble dans cette belle ancienne maison sur une rue parcourue d’arbres…mon plus gros souci avec Chris a toujours été sa disparition, et ma motivation pour le mariage a tout à voir avec ses insinuations qu’elle ne peut pas être complètement elle-même ou être présente si elle ne voit pas un engagement de ma part envers la relation…tout cela fait parti du passé maintenant, alors je commence cette nouvelle journée de mariage plein de croyance que ma femme va enfin apparaître et être là avec moi, chaque cellule de son corps vivante avec confiance et sécurité…elle ne peut plus se plaindre qu’elle ne se sent pas en sécurité, car j’ai abandonné tout les autres et choisi d’être avec elle…

Le même salon où s’est passé la cérémonie est maintenant couvert de ces cadeaux par centaine, et tout le piano et la table de la salle à manger sont couverts de bouquets et de vases remplis de fleurs somptueuses qui remplissent l’air de douceur…quelque part au milieu du désordre d’hier, un ami m’a prévenu que j’allais avoir une 'livraison' spéciale…avec Chris en dehors de la pièce, je vais voir, me dirigeant directement vers le bouquet de fleur le plus élaboré et le plus cher, devinant juste du premier coup…c’est de la part de Courtney, et la carte me félicite simplement pour mon mariage, mais c’est ce qu’elle ne dit pas qui dit des milliers de mots, alors je mets la carte dans ma poche…nous passons des heures à parcourir les cadeaux et les cartes, et à écrire à chacun d’eux pour que des 'mercis' puissent être donnés spécifiquement par rapport aux choses données…je retiens ma respiration quand nous arrivons au bouquet de Courtney, et je mens à Chris en lui disant qu’il n’y a pas de carte, agissant comme si c’était quelque chose de curieux pour un si beau cadeau…

Avant de partir en voyage ensemble, Chris et moi nous démenons pour assembler les illustrations de l’album…puisque nous sommes prêt à partir deux jours après le mariage, nous n’avons que cette après midi pour tout terminer, ou l’album sera repoussé…une quelconque tentative à ce stade du travail avec la maison de disque pour avoir ce que je veux par rapport aux illustrations a jusqu’à présent été frustrant et décevant…alors cela me tombe dessus  à la dernière seconde, et Chris est engagée car elle a fait une école d’art…prenant quelques vieilles photos, certaines avec des étrangers et d’autres avec ma famille, nous dessinons et écrivons les paroles dessus d’une telle façon que cela évoque un album de photo perdu (comme on pourrait trouver dans le grenier de quelqu’un)…dans certains coins, les mots sont à peine lisibles, dans d’autres ils sonnent fort et clairement…nous travaillons assidûment pendant près de 8 heures avant de terminer et de nous dessiner sur les mains et les genoux sur le plancher de la maison…bien que je ne suis pas satisfait du résultat, ils devront faire avec…je choisis de ne pas toucher à la photo arrière du livret, une photo de ma mère quand elle était enfant assise sur la lune à Riverview…

Nous partons en lune de miel deux jours après le mariage, c’est à Cozumel au Mexique…c’est ma première visite internationale sans le groupe alors je suis un peu nerveux car il n’y a personne avec nous pour prendre en charge toute l’organisation nécessaire, mais tout se passe bien et nous arrivons à l’hôtel sans incident…personne ne nous a informé avant qu’on arrive que c’est la saison des pluies ici, alors nous passons la plupart de notre temps dans la chambre à regarder le déluge tropical de la dalle en béton qu’ils appellent terrace…Cozumel même est juste une ville ennuyeuse de touristes, alors il y a peu à voir et à faire d’important, et nous passons nos soirées dans un bar à regarder des matchs de la NBA (ils ont une antenne satellite)…même pendant ma lune de miel, je suis assailli par les managers et la maison de disque me poussant à répondre à propos du groupe et du moindre détail sur les illustrations de l’album…la jurisprudence et la constante primordiale est que rien n’est sacré dans ma vie, pas mon mariage, pas ma lune de miel, pas ma paix…

Le temps fort de notre voyage sera la visite de la terre sainte de Chichen Itza, les ruines découvertes d’une vieille ville Mayan…Chris réserve le voyage, qui inclut l’avion pour y aller et mentionne au hasard en passant que si je veux annuler, ils ont besoin d’être au courant 24 heures avant…le voyage lui même est mis en danger quand un jour avant que nous soyons censés partir, je me retrouve avec un mal à l’estomac qui me fait vomir presque toutes les heures…il est maintenant trop tard pour annuler, et Chris me supplie d’oublier le voyage car elle est trop inquiète pour moi et ma santé…dû à mes gênes Irlandais (ou est ce de la mauvaise qualité ?), j’insiste pour que nous partions quand même…

Le vol est une horrible histoire, alors que voyageons pendant une heure dans ce qui semple être un résidu de la guerre civile sans air conditionné….je transpire abondamment et j’ai l’impression que je vais mourir d’une seconde à l’autre, mais je me dis sans cesse que c’est mon unique chance de voir la vieille ville car je ne retournerai jamais plus à Cozumel tant que je suis vivant…nous atterrissons au milieu de la jungle sur ce qui semble être une piste d’envol mais qui passerait difficilement pour une route…une fois aux portes de la ville, nous sommes rassemblés dans un groupe parlant l’anglais et on nous attribue un guide, un natif trapu qui sort des mauvaises blagues 'genre touriste Americain' qu’on sait qu’il a déjà raconté un millier de fois auparavant…il nous dit que nous devons rester avec le groupe d’une manière arrogante et condescendante si bien que je commence déjà à ne pas l’apprécier…il y a peu d’ombre alors que nous nous dirigeons pour visiter les terres, et la température dépasse les 40 degrés au soleil brûlant…je me sens malade, mais la ville anciennement cachée est incroyable à observer et je suis reconnaissant d’avoir préservé à venir…j’adore l’histoire, et me trouver dans cet endroit m’aide à absorber une partir de cette ancienne culture stupéfiante…Chris et moi commençons à trainer, nous essayons d’éviter les monologues quasiment politiques sur le fait que les Américains profitent des Mexicains (ce qui à mon avis est intéressé et une intrusion injuste ici au milieu d’une culture défunte)…d’une façon ou d’une autre, il essaie de faire des parallèles entre les envahisseurs qui ont détruit cette société inspirée et l’assaut de la culture Américaine à Mexico, ce qui dans mon cœur est plutôt exagéré…

Il monte les groupes en leur donnant des informations et en les pointant vers l’endroit suivant, et ensuite il se donne du mal pour venir vers moi à l’arrière du groupe pour dire quelque chose…au début, il fait sa routine mignonne 'rejoins nous petit touriste Américain' que je ne gobe pas dans mon état difficile…quand je ne réponds pas immédiatement à son approche, il change de comportement et de ton pour devenir fâché, il me donne ses règles de merde…je lui dis d’aller se faire foutre, que je suis malade, que j’ai pas besoin de sa vision de cet endroit, je m’en sors assez bien tout seul, et si il me presse je m’assurerai de vomir dans sa direction, ce à quoi il recule et il nous laisse tranquille le reste du voyage…cela s’avère être une chance, Chris et moi pouvons nous balader sur le site à notre propre allure et nous arrêter dans la moindre ombre que nous pouvons trouver pour que je puisse me repose un peu…

De retour de lune de miel, nous nous renseignons à propos des 2 vidéos du mariage qui ont été filmées…Hippie Bob nous dit que, à son grand désarroi, ses batteries étaient vides après seulement une minute, donc tout ce qu’il a c’est Chris descendant les escaliers…ça lui ressemble tellement que nous en rigolons, nous disant que nous sommes sans danger avec la caméra du mari de ma belle-mère…à notre désarroi, il nous dit que quelque chose s’est très mal passé, et pour une raison ou une autre la moitié de l’écran (la moitié supérieure) de ce qu’il a filmé est manquante avec à la place uniquement des parasites blancs numériques…(le photographe du mariage, un ami d’école d’arts de Chris, se dispute avec Chris à propos des photos, alors nous n’aurons jamais les négatifs, les seules photos survivantes que nous avons sont juste une petite série comme ce qu’on pourrait avoir de n’importe quel supermarché)…

Le lendemain de mon retour de Mexico, je reçois un coup de fil alarmant du copain de ma mère…"quelque chose s’est passé avec ta mère, elle est à l’hôpital"…quand je le pousse à me donner des détails, il me dit que rien de grave n’est arrivé en soi, mais elle a eu un petit 'effondrement' et l’état tente maintenant de l’interner…il me dit qu’il l’a trouvé en train de flâner dans mon quartier, affirmant que des extra terrestres lui courraient après, et ne sachant pas quoi faire, il l’a emmené dans un hôpital, où il a inconsciemment signé des papiers pour la faire interner…elle est maintenant en évaluation pendant 72 heures, et l’état refuse de la laisser partir…je lui demande  si "quelque chose de grave est arrivé", et tout ce qu’il peut me raconter c’est que peut être elle aurait pris trop de pilules amaigrissantes…

J’ai finalement ma mère au téléphone de l’hôpital…"Sors moi de cette merde ! " grogne t’elle, et elle me prie de trouver un avocat pour la sortir de là…elle est inquiète de ne pas aller travailler, et ils la vireront si ils s’en rendent compte…puisqu’une de mes bonnes amies est avocat, je lui demande d’intervenir en faveur de ma mère, et en lâchant quelques noms et avec des menaces de poursuites judiciaires, elle sort Martha de là en 8 heures…je ne reparle jamais de cet incident avec ma mère, car elle ne veut pas en parler…pour elle, c’est du passé…


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Traduction par Antoine Leruste. Copyright 2005. Tous droits réservés. Toute reproduction est interdite sans autorisation écrite.
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fr 2006-03-12T17:23:41+02:00
<![CDATA[Une Journée Chaude d’été [1993]]]> http://billycorgan.over-blog.com/article-1990599.html Le mariage est prévu pour 16h, le juge devant arriver juste avant, vers 15h30…donc quand sonne 15h30 et que le juge n’est pas encore là, les nerfs me parcourent et je suis maintenant 'officiellement' nerveux…je me place dans le jardin, près de Jimmy, car il comprend complètement mon trac avant un concert et il sait comment me tenir tranquille dans une situation pleine de tension comme celle-ci (il me fait rire en lançant des blagues stupides)…je commence à avoir l’impression que c’est un concert, mais malheureusement je ne peux pas contrôler, arrêter ou démolir ma guitare pour exprimer l’accumulation de frustrations…je joue maintenant le rôle du mauvais futur mari, et la réalité de ma décision de me marier se transforme soudainement dans la réalité de me marier pour de vrai à quelqu’un, et c’est un concept complètement différent…dans mon esprit, je me dis qu’au moins je me marie à la bonne fille, celle qui est dans mon cœur…

Le juge apparait à 16h, en compagnie de sa femme…c’est un juge à la retraite, 'pas en service' évidemment, qui fait des mariages non dénominatifs pour arrondir ses fins de mois…au lieu de s’excuser pour son retard (ce que l’on peut attendre à mon avis), il se lance dans une description de la désagréable colonoscopie qu’il vient d’avoir et combien cela l’a ralenti (pas exactement ce à quoi je veux penser alors que je prononce mes vœux)… il joue très bien le rôle du Juge ; brusque, impersonnel d’une manière amusante, et menant le jeu avec personne en particulier alors qu’il bouge parmi les gens ("mettons en scène ce spectacle !")...les invités se retrouvent dans l’entrée et dehors près de la porte du jardin car la maison est trop petite pour recevoir tout le monde à l’intérieur, alors seuls les membres de la famille proche se retrouvent tout près pour la cérémonie même…il n’y a pas d’air conditionné dans la maison, tout le monde transpire donc des gouttes alors que le silence commence à s’installer…2 amis filment l’événement, le mari de ma belle-mère et Hippie Bob, une caméra dans la foule et une caméra dans les escaliers…je me place à mon endroit désigné, qui se trouve juste à coté de mon merveilleux piano à queue, avec la fenêtre sur la rue juste derrière moi…les oohh et les aahh tombent en cascade en bas des escaliers alors que Chris commence à descendre, resplendissante dans sa robe blanche et plus belle que jamais…

Ma tête s’engourdie alors que le prêtre prononcent doucement les mots, et je n’entends rien de ce qu’il raconte…l’engagement du moment me dépasse, et des émotions indescriptibles jaillissent en moi…je prends le plus gros engagement de ma vie, et je ne suis pas certain de ce que je ressens par rapport à cela, mais les flammes me consument et je suis maintenant en feu avec la vie, l’amour et la possibilité…j’ouvre la bouche et les mots "oui je le veux" tombent comme des rochers, et quand je regarde Chris alors qu’elle prononce les mêmes mots, mais elle semble être très loin de moi, ses yeux deviennent vitreux et elle est autre part…elle n’est pas très bonne devant un public, et j’ai l’impression qu’elle a disparu quelque part à l’intérieur, loin de toute cette pompe et cette cérémonie…si il y avait un seul moment où j’avais besoin qu’elle soit présente avec moi et pour moi, c’est maintenant, mais je n’arrive pas à la trouver…le juge dit "vous pouvez embrasser la mariée", et je le fais, dans un moment hors de la confusion dans laquelle je vais me retrouver, et lui dis simplement dans l’oreille "nous l’avons fait, nous l’avons fait" plusieurs fois…je sais que j’ai fait une erreur, mais je m’en fout alors que les larmes coulent sur mes joues…je me sens très seul…

Ensuite, les félicitations commencent et les heures semblent passer avec des bons souhaits de bonheur…quand je fais enfin une pause, je me dirige vers la nourriture, tout est parti, chaque petite bouchée, rien n’a été gardé pour les nouveaux mariés…énervé et ayant faim, je me dirige vers l’entrée, le crépuscule estival s’installant, et je passe un moment calme avec une amie du lycée, quelqu’un que j’ai idéalisé durant mon adolescence comme étant la fille parfaite…elle a la beauté pure d’une star de cinéma, et la grâce fraiche de quelqu’un qui est né beau mais ne semble pas s’y intéresser…elle me demande comment je me sens d’une façon secrète qui dit "tu ne sembles pas très bien"...je lui avoue que je ne suis pas sûr de ce que je viens de faire, et je lui répond de cette même façon secrète que je suis content qu’elle soit là avec moi ce jour là, car elle comprend mes rêves, même si elle n’en fera jamais parti…

Alors que l’obscurité s’installe, la maison se rafraichit et la fête commence…ma mère s’est enfin calmée, elle se trouve dans la zone de la cuisine et de la porte du jardin afin d’éviter tout contact avec ma belle-mère, s’assurant qu’elle ait un endroit tranquille pour fumer quasiment non-stop (il est défendu de fumer dans la maison)… les différents camps se divisent en paix, la belle famille avec sa cour d’adorateurs près de la porte du jardin, la famille du père dans la pièce centrale, et Martha derrière, son territoire intact…ma mère a loué un barman de son pub du coin pour servir des boisons, alors elle est, comme toujours, dans son élément…

Je voyage entre les différents camps, voyant à peine ma nouvelle femme alors que nous faisons des efforts pour parler un peu avec tout le monde…en me dirigeant vers la cuisine, je vois un homme que je ne reconnais pas, mais j’imagine tout de suite que c’est un ami du copain de ma mère…il me demande si il peut prendre une photo de moi, et sans hésiter je dis "bien sûr, pas de problème"...il est apparemment bourré, mais cela n’a rien d’étonnant à cette heure de la nuit…il me demande si je peux signer la photo qu’il vient de prendre, et cela me frappe alors…"qui es tu ?", je lui demande…"pourquoi, je suis ton voisin, et je veux un autographe pour mon gamin"…je deviens tendu et je lâche "qui t’as invité ici ? "…"pourquoi, personne ne m’a invité, j’ai juste pensé que je passerais rejoindre la fête, je veux dire, t’es une grande célébrité et tout et je voulais pouvoir raconter à mes amis que j’ai pu assister au mariage d’une grande célébrité ! "…c’est trop, cette invasion évidente d’un des moments les plus sacrés de ma vie, et l’absurdité de ce mec dans ma cuisine devient le couteau de toute ma haine du monde des apparences et les droits des étrangers…"Fous le camp", je lui ordonne, d’une voix presque calme…"Quoi ? C’est quoi le problème ?? " "Dehors j’ai dit, dehors, dehors, dehors"…quelqu’un de la famille qui sait comment ça va finir juste en voyant la position d’attaque de mon corps, me sauve en accompagnant rapidement le gentleman dehors…alors qu’il s’en va je l’entends protester qu’il "ne voulait aucun mal" et "c’est quoi le problème, je ne suis pas assez cool pour assister au mariage de la rockstar ? "…

La fête est agréable et anti climatique, et quand tous les invités, amis et la famille sont finalement partis, Chris et moi décompressons un peu de la tension de la journée en nettoyant un peu, heureux de récupérer notre maison et notre vie pour nous-mêmes…l’heure arrive et c’est enfin l’heure d’aller au lit, alors nous nous dirigeons à l’étage main dans la main pour la première fois en tant que mari et femme…elle est belle, ma femme…un esprit doux, dont la démarche entière est de ne pas faire de mal à une mouche…quand nous nous rejoignons, je ne me suis jamais senti aussi près de son cœur perdu, car dans la vie de tous les jours cela la submerge…j’enlève doucement sa robe, en rigolant, et nous nous embrassons tendrement dans un moment qui n’arrive qu’une seule fois dans une vie…et je la sens plus proche que jamais…

Quelques mois avant le mariage, Chris m’avait informé pendant un moment temporaire qu’elle n’allait pas changer son nom…quand je lui avais demandé pourquoi, elle m’avait dit qu’elle était inquiète que son nom de famille ne disparaisse si ses enfants ne portaient pas son nom…elle pensait que je n’aurais pas de problème avec cela, mais en réalité cela m’embêtais incommensurablement…peut être que si elle avait changé son nom, j’aurais pris une possession différente d’elle, son être et sa vie…mais me tenir ici dehors devant la porte d’entrée regardant les étoiles peu lumineuses, et elle endormi à l’intérieure, je réalise que rien n’a vraiment changé…


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Traduction par Antoine Leruste. Copyright 2005. Tous droits réservés. Toute reproduction est interdite sans autorisation écrite.

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fr 2006-02-26T12:23:34+02:00
<![CDATA[Les Cloches du Mariage Sonnent [1993]]]> http://billycorgan.over-blog.com/article-1922502.html Le jour de mon mariage est un bel événement, presque trop chaud, avec près de 150 invités tous entassés dans ma petite maison Victorienne…ma fiancée Chris et ma mère Martha avait collaboré étroitement pour travailler sur le planning du mariage et tout ses détails variés (ainsi qu’avec la mère de Chris, mais pas en coordination avec ma mère)…l’approche de Chris est "ne t’inquiète pas, je vais me charger de tous les détails, regarde juste la télé", et l’approche de ma mère est "pourquoi ne semble tu pas t’intéresser davantage à ton propre mariage ? "…puisque nous vivons déjà tous les deux ensemble dans la maison, cela convient naturellement de faire le mariage ici, car la maison est un symbole du type d’amour que nous avons : sentimental, ancien, délicat et désireux…près d’un mois avant, il y avait un changement perceptible dans l’attitude de Chris alors que la pression des détails commençait à monter, et je ressentais une grande reconnaissance pour le fait qu’elle prenne en charge tellement de détails ennuyeux (plus remarquablement la logistique d’essayer de mettre plus de 100 invités dans une maison qui ne peut contenir que près de 40)…ma mère, représentant en quelque sorte 'mon' intérêt dans ma cérémonie de mariage, commence à se concentrer de plus en plus sur les détails alors que les jours passent, et elle commence à rendre Chris nerveuse avec toutes ses petites questions…Chris, ne voulant pas vexer sa future belle-mère, fait de son mieux pour se conformer à toutes les sollicitations de ma mère, mais elle commence à se tourner vers moi pour de l’aide et des conseils à propos de la nature vive de ma mère…ce qui me semble bizarre c’est qu’après plus de 20 ans qu’elle est plus qu’une amie, ma mère devient soudainement ma 'mère' dans en sens très réel, et c’est quelque chose auquel je ne suis pas du tout habitué…

Chris vient m’attraper, elle me dit "tu dois parler à ta mère, elle est au téléphone et elle est un peu crispée"…alors que je décroche le téléphone, Chris fait ces yeux qui disent "bonne chance"…Martha commence par me demander pourquoi je ne semble pas avoir le moindre intérêt dans les détails entourant le mariage…je luis dis que ce n’est pas vrai, que Chris me tient bien informé, et puisque je finance la plupart de l’événement, je suis plutôt responsable de la façon dont est dépensée l’argent…elle me réprimande pourtant pour ne pas sembler m’intéresser davantage, et je lui dis "Maman, nous vivons déjà ensemble, et nous sommes un couple depuis presque 6 ans déjà…c’est juste un mariage…bien sûr c’est spécial, mais par beaucoup de façons nous sommes déjà mariés"…soudain, elle explose et commence à crier avec sa voix de rasoir "c’est ton putin de mariage !!! Comment tu peux en avoir rien à foutre de ton putin de mariage ???!!! "…je me mets à lui demander de se calmer, mais elle est maintenant dans une crise de rage…elle balance insulte après insulte, déformant le téléphone alors que j’essais de le tenir assez loin de mon oreille jusqu’à ce qu’elle ait finit de décharger sa colère…il ne reste plus que 4 jours avant le 'grand jour', et je n’arrive pas à croire à quel point elle est crispée avec les sets de table et les banderoles…

Mon approche par rapport à tout cela est de traiter cela comme un événement simple…mais contre mes propres souhaits, le mariage devient ingérable ; trop d’invités, trop de pression à subir, trop de tout sauf ce que je voulais qu’il soit, qui est marier ma femme dans une cérémonie calme et douce…

Nous nous levons très tôt, car il y a tellement de choses à faire avant que les invités arrivent…nous n’avons pas eu de contact physique depuis un mois afin de tenter en vain de garder notre couple aussi pure que possible, alors à la première heure nous rigolons bien car cela nous manque tellement d’être ensemble…ma mère arrive avec son copain, et ensuite nous prenons un petit déjeuner, je suis dans le jardin en train d’accrocher des banderoles et de mettre les chaises en place…déjà, Martha est nerveuse, quelque chose en rapport avec les ballons…il est beaucoup trop tôt pour cela, et elle commence à se fâcher contre moi car les ballons ne sont pas comme il faut…je ne veux pas que cela recommence comme l’autre jour au téléphone, et je n’arrête pas de lui répéter, "Maman, c’est mon mariage, détends toi"…elle insiste pour que j’ouvre le garage, qui est sal, pour qu’elle puisse exposer les ballons…je suis déjà nerveux, et elle aggrave mon état…contrairement à toute l’attention de ma mère, mon père, qui est maintenant divorcé de ma mère depuis plus de 20 ans, n’a pas fait un effort jusqu’à ce jour…son principal souci semble être si oui ou non j’attends de lui qu’il contribue financièrement à la cagnotte, et il est soulagé quand je lui dis de pas s’inquiéter…la différence dans leurs attitudes envers le fait que je me marie est une drôle d’harmonie, et ne fait qu’ajouter à la nature surréaliste de cette journée…un parent qui est trop attentionné, un parent pas assez attentionné…ma belle-mère, par contre, se sent un peu dépossédée…Chris a essayé de l’inclure dans le planning, mais comme d’habitude tout ce qui implique ma mère réduit à néant sa capacité à diriger avec certitude ses manipulations insignifiantes, alors elle s’est juste mise à l’écart là-dessus…la plupart de ma belle famille arrive, ainsi que le côté Corgan, ainsi que quelques uns du côté de ma mère…rien que cela met de la tension dans l’air, car c’est une des seules fois dans ma vie où les 3 divisions de ma famille au total sont forcés d’être ensemble au même endroit, et il y a beaucoup de rancune et de soupçon qui remonte à longtemps…

Il reste près de 2 heures, et la plupart des invités sont déjà arrivés, Chris va à l’étage avec ses ladies pour s’habiller…je porte un costume emprunté qui est trop grand pour moi, et des chaussures éraflées…ma mère tente désespérément de décorer l’entrée du garage au tout dernier moment, et je ne cesse de lui dire de laisser ça tranquille et d’apprécier le moment…Chris étant hors service, je deviens de facto la personne à qui on demande tout, alors je dépense pas mal d’énergie à situer tout le monde, à leur dire où se garer, et à les mettre dans la bonne direction…je veux juste ramper dans un trou et attendre que tout cela se termine, car si je ne suis pas sur scène, je n’aime habituellement pas être le centre d’attention…tout le monde est très bien habillé par cette journée chaude d’été, et beaucoup de souvenirs des années passées envahissent mon esprit, des bonnes et des mauvaises années toutes mélangées pour rendre ce moment réel…depuis le succès incroyable de notre deuxième album, beaucoup sont revenus frapper à ma porte, cherchant je ne sais quoi, mais souhaitant faire parti de tout ça d’une façon ou d’une autre, et où je me situe dans tout ça je ne n’en suis pas vraiment sûr…mais aujourd’hui, ils sont tous là, et j’essais de rester reconnaissant, voyant cela comme une nouvelle opportunité pour commencer une nouvelle vie ; avec ma famille, mes amis, et Chris…


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fr 2006-02-19T13:39:51+02:00
<![CDATA[Le Golf du Mexique [1994]]]> http://billycorgan.over-blog.com/article-1856722.html Comme c’est souvent le cas après un concert, nous montons dans le bus et nous prenons la route, en regardant des films et en mangeant de la mauvaise nourriture pour passer le temps…le voyage dure plus de 5 heures, le soleil s’apprête à se lever quand le bus s’arrête en sifflant…la brise humide de l’océan m’arrive dessus alors que je suis à moitié endormi, et je peux espionner l’eau derrière la route, alors je prends note dans ma tête de revenir dans la journée et aller voir la plage…tournant, je suis un peu stupéfait de voir que nous restons dans une sorte de motel cauchemardesque, amerri ici sur un caprice dans les années 60 comme un mélange impétueux de futurisme de Jetson et de la réalité d’un ouragan…je demande à personne en particulier, "c’est quoi ce putin d’endroit ? ", mais personne n’écoute car ils ont déjà tout entendu auparavant et tout ce qu’ils veulent vraiment c’est une porte fermée avec un lit derrière…ma chambre pue le moisi et elle est juste assez grande pour cette même quête du lit, mais dehors s’éteint la lumière, et je suis rapidement endormi…

Le téléphone sonne beaucoup trop tôt, me secouant pour me sortir d’un sommeil doux et humide…la fenêtre est ouverte et le soleil inonde la pièce alors que l’air de l’océan y souffle…cela ressemble à une belle journée…"T’as vu les informations ? Il est parti et il s’est tué"…ma toute première pensée est que cela ne peut pas être vrai, car même si on a signalé ma mort deux fois à deux moments différents durant les 12 derniers mois (en conduisant, mon père avait récemment entendu une information qui disait que j’étais mort, donc ça doit être une rumeur ou une mauvaise blague)…la télé de la chambre est une de ces merdes avec laquelle on a besoin d’une télécommande pour l’allumer, car ils ont déconnecté les boutons devant pour qu’on ne puisse pas changer les chaines et regarder un film gratuit…je mets CNN sans le son, me disant que si c’est vrai alors ils en parleront…il n’y a rien à l’écran pour l’instant mis à part un bulletin d’informations général, cela doit donc être une erreur…je commence alors à penser que peut être ils s’en foutent et qu’il se peut que cela ne soit pas la bonne source d’information…à peu près 20 secondes plus tard ils affichent sa photo…le présentateur ne s’arrête pas de parler, et mon estomac tombe de 30 kilomètres…je murmure à la personne au téléphone pendant près d’une minute, mais je ne me souviens pas de ce que j’ai dit…ils me rappellent qu’ils sont très heureux que je sois encore là…je raccroche le téléphone, et tout est vraiment calme maintenant…sa photo est toujours à l’écran, gelé…c’est un de ces rares moments dans la vie où le monde entier semble s’arrêter, attendant un prochain souffle…des pensées me passent par la tête, "où est t’elle ? j’espère qu’elle va bien"...je m’assis sur le bord du lit et je fixe l’écran…je ne peux pas croire mes yeux, c’est juste trop triste…je ne prie pas, mais maintenant oui…je me mets au sol, mon dos contre le lit, la télé à juste 30 centimètres de mes yeux…je dis une prière pour son esprit, lui remerciant pour tout le bien qu’il a fait…je prie beaucoup pour son enfant, qui est maintenant sans son père…et je me mets à pleurer, et je ne m’arrête que quand il n’y a plus de larmes à verser…


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fr 2006-02-13T14:43:10+02:00